Mort de Jean-Marie Le Pen : « Des animaux presque caricaturaux », Le Pen et sa passion pour les chiens de race
On ne sait pas qui de Lamartine, de Staël, Desproges ou qui que ce soit d’autre à dit en premier « plus je connais les hommes, mieux j’aime mon chien ». Qu’importe, cette phrase, Jean-Marie Le Pen se plaisait à la balancer parfois comme le rappelait la Revue Charles, en 2018. Mort mardi à l’âge de 96 ans, le fondateur du Front national (FN) a eu au moins deux passions dans sa vie : l’extrême droite et les animaux de compagnie. Pour cette dernière, le « menhir » s’est donné à fond, cumulant une trentaine de compagnons à quatre pattes depuis sa naissance, en 1928, avec une préférence marquée pour les gros chiens.
En 96 ans, Jean-Marie Le Pen aura eu 10 chats et 19 chiens. « Je suis racialiste, j’aime bien les chiens de race », confiait-il à la Revue Charles. Une préférence qui se confirme à l’énumération de son bestiaire : deux caniches, un berger allemand, sept dobermans, six lévriers et, malgré cela, deux « bâtards » croisés bas-rouge et beauceron. Ces deux derniers, prénommés Sergent et Major, ont d’ailleurs longtemps été suspectés du meurtre sanglant d’une chatte de Marine Le Pen, précipitant son départ de la maison familiale de Montretout.
« Une forme de brutalité, d’autoritarisme »
Forcément, un paquet de photos de presse circulent, montrant l’ex leader d’extrême droite en compagnie de ses chiens. Pourtant, il semble bien que l’idée de s’exhiber ainsi avec ses bêtes ne venait pas de lui comme l’avait rappelé le photographe Helmut Newton, auteur en 1987 de la célèbre image de Le Pen entouré de ses dobermans. « J’ai eu plus de mal à le convaincre de poser avec ses chiens. Il ne voulait pas, mais j’ai su le persuader », expliquait le photographe en 1998, lors du festival Visa pour l’image, comme le rappelle Libération.
Qu’il ait été réticent à consentir à poser avec ses dobermans, Philippe Moreau Chevrolet, professeur de communication à Sciences Po, le comprend : « Il savait la symbolique que représentait cette race de chiens et ne voulait pas tomber dans le piège », explique-t-il. Marine Le Pen n’aime d’ailleurs pas cette photo dans laquelle elle voit « une forme de brutalité, d’autoritarisme ». Son père, lui, l’a finalement trouvée « très belle », au point d’en faire imprimer des milliers de cartes postales.
« Un symbole très régalien »
S’il a pu rechigner en 1987, l’exercice a finalement dû lui plaire puisqu’il y a eu, par la suite, de nombreuses autres séries de photos où le fondateur du FN posait volontiers avec ses chiens successifs. Et pour cause, il en a fait un argument de communication : « A l’époque de Jean-Marie Le Pen, il s’agissait d’un symbole très régalien qui permettait de se mettre au niveau des chefs d’Etat », assure Philippe Moreau Chevrolet. « De montrer que l’on était capable de domestiquer la nature, de se faire obéir, mais aussi de montrer une certaine bienveillance », ajoute-t-il.
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Pour le spécialiste en com, les races de chiens de Jean-Marie Le Pen n’étaient pas anodines non plus, « des animaux agressifs, territoriaux, presque caricaturaux » qui illustraient bien le côté « on est dominateurs, on veut conquérir le monde » que reflétait le FN à l’époque du « menhir ». Et que Marine Le Pen soit exclusivement portée sur les chats n’est pas anodin non plus, « parce que le RN est désormais dans une volonté de montrer de la proximité et un côté rassurant et plus du tout dominant », analyse le professeur de Sciences Po.