Mort de David Lynch : 7 films pour comprendre l’œuvre (complexe) du réalisateur
«Mes films sont faits pour être ressentis pas pour être compris, nous confiait David Lynch il y a quelques années. Il prétendait aussi faire que « seule la mort pourrait m’empêcher de tourner ». Elle est survenue ce jeudi, nous privant définitivement d’un immense cinéaste mais aussi d’un homme charmant à l’humour délicieux.
On ressortait de chaque rencontre avec David Lynch enrichi, impressionné par sa gentillesse, sa douceur, sa simplicité mais aussi sa drôlerie. Aujourd’hui, il ne reste plus que ses films, ses peintures et la peine énorme des cinéphiles qu’il a marqués pour toujours. Pour lui rendre hommage, reprenons ces œuvres majeures classées de la plus grand public à la plus expérimentale.
1/« Une Histoire vraie »
On ne reconnaît David Lynch que dans son goût pour les personnages atypiques dans ce road movie original. Une histoire vraie (1999), c’est celle d’un vieux monsieur qui se lance le long des routes américaines pour retrouver son frère malade. Détail important : il entreprend ce périple de plusieurs centaines de kilomètres sur une tondeuse à gazon. Contrairement à son habitude, le cinéaste offre une œuvre solaire célébrant la beauté de l’Amérique et des êtres humains. Cette parenthèse enchantée semble un bon moyen de plonger, tout en douceur, dans la filmographie du maître.
2/« Elephant Man »
David Lynch n’aimait pas Elephant Man (1980) mais on a le droit de ne pas être d’accord avec lui. L’histoire vraie de Joseph Merrick (1862-1890), homme au physique déformé par le Syndrome de Protée, exploité comme monstre de foire et sauvé par un médecin, est une bonne suite pour l’initiation au cinéma du roi David. Accessible au plus grand public, il parle de différence de façon magistrale. « Je ne suis pas un monstre. Je suis un être humain », crie le héros incarné par John Hurt. Une réplique qui pourrait définir le cinéma de David Lynch.
3/« Twin Peaks »
Il y a eu un avant et après Twin Peaks à la télévision. Trois saisons, les deux premières en 1991 et la troisième en 2017, et un long métrage de cinéma, Fire Walk With Me, font de cette saga l’une des premières séries aussi addictive que novatrice. « Qui a tué Laura Palmer ? », cette question déchire une petite ville aux secrets vénéneux. David Lynch et l’agent Dale Cooper (Kyle MacLachlan, acteur fétiche du cinéaste) plongent dans un univers aux frontières du fantastique pour un conte fascinant aux personnages pervers. On reste avec l’envie de prendre une tarte aux cerises et un « Damn Good Coffee » avec eux en écoutant la musique lancinante d’Angelo Badalamenti.
4/« Sailor et Lula »
Palme d’or à Cannes en 1990, Sailor et Lula entraîne le duo Laura Dern et Nicolas Cage dans un road movie aussi fascinant que rock’n’roll. Willem Dafoe, Diane Ladd, Harry Dean Stanton et Isabella Rossellini sont du voyage. On chante « Love Me Tender » d’Elvis Presley à tue-tête avec ce couple en cavale fuyant des méchants qui veulent les empêcher de s’aimer. Dans les dictionnaires, ce film devrait servir d’exemple pour illustrer la notion de « cool ». A conseiller pour qui a envie de prendre la route avec l’être aimé.
5/ « Blue Velvet »
Une oreille coupée trouvée dans un jardin, Isabella Rossellini chantant en robe de velours bleu et Dennis Hopper terrifiant avec son inhalateur : les images de Blue Velvet (1987), hantent durablement. Kyle MacLachlan mène l’enquête dans une boîte de nuit sinistre. On se laisse happer dans un univers qui préfigure Twin Peaks et ses protagonistes délicatement pervers. Le rêve américain en prend pour son matricule dans ce cauchemar envoûtant porté par le « In Dreams » de Roy Orbison.
6/ « Mulholland Drive »
Bon alors là, on rentre dans le dur ! Mulholland Drive (2001) est considéré comme l’œuvre la plus hermétique de David Lynch. Naomi Watts et Laura Harring sont les héroïnes d’un trip halluciné autour d’Hollywood où David Lynch habitait mais dont il aimait à torpiller les codes. Il suffit de se laisser emporter. « C’est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau », disait Paul Claudel. On imagine que cette citation aurait plu à David Lynch. Muldholland Drive est son chef-d’œuvre, un film hors du temps et du monde. La quintessence de sa filmographie. Inoubliable.
7/« Eraserhead »
Si vous avez aimé Mulholland Drive, il est temps pour vous de tenter Eraserhead, le premier long métrage de David Lynch sorti en 1977. Ce poème expérimental exige un lâcher-prise total. C’est le prix à payer pour vivre une expérience unique et immersive dans un monde de folie furieuse filmé avec un noir et blanc hypnotique. Ce songe terrifiant montre déjà la force d’un cinéaste unique dont le cinéma a changé le 7e Art pour toujours.