France

Morgane retrouvée vivante : Comment un indice venu de Gironde a mis les enquêteurs sur la piste du suspect

Les moyens d’enquête étaient énormes. Mais jusqu’au 8 décembre et l’alerte donnée par une femme domiciliée en Gironde, les gendarmes n’avaient toujours aucune idée d’où trouver Morgane Rivoal. Portée disparue depuis le 25 novembre et son départ de son domicile de Pabu, dans les Côtes-d’Armor, cette adolescente de 13 ans a été retrouvée saine et sauve mardi matin dans un foyer de jeunes travailleurs de Coutances (Manche). Aucune blessure ni aucune lésion n’ont été découvertes chez la jeune victime. Mais si les enquêteurs ont pu retrouver la collégienne, c’est surtout grâce à un témoignage venu de Val-de-Livenne.

C’est dans cette petite commune proche de Blaye, au nord de Bordeaux, que l’homme de 21 ans soupçonné d’héberger l’adolescente depuis sa fugue s’est rendu dans la nuit du 7 au 8 décembre. « Une femme s’est présentée à la gendarmerie pour expliquer qu’un jeune individu s’était présenté à son domicile le 8 décembre aux alentours de 2h30 du matin. Cet homme se tenait à l’extérieur d’une petite Citroën C1 et une jeune fille se trouvait dans l’habitacle, éclairée par le plafonnier. Le jeune homme demandait à parler à son fils de 16 ans, qui dormait », a fait savoir le procureur de la République. Selon cette témoin, « le jeune homme semblait vouloir laisser la jeune fille et repartir seul ».

Un « groupe en or » sur Snapchat

C’est en questionnant son fils que la mère a fait le rapprochement. Ce dernier lui indiquait que le visiteur de nuit était « une connaissance de Morgane Rivoal et de lui-même ». Les trois jeunes individus faisaient partie d’un même groupe intitulé « groupe en or » où ils conversaient régulièrement sur Snapchat. C’est sur ce groupe que l’adolescente avait expliqué être victime de harcèlement, faisant part de propos suicidaires et partageant des photos montrant des scarifications.

D'intenses opérations de recherches avaient été menées autour de Pabu pour retrouver Morgane Rivoal, portée disparue pendant quinze jours.
D’intenses opérations de recherches avaient été menées autour de Pabu pour retrouver Morgane Rivoal, portée disparue pendant quinze jours.  - D. Meyer/AFP

En inspectant le téléphone du fils, les enquêteurs ont pu remonter la piste du suspect, découvrant que son téléphone avait borné dans la Gironde mais surtout à Pabu le jour de la disparition. En recoupant les informations, les gendarmes découvraient que le mis en cause était rentré à Coutances avec la jeune fille portée disparue. C’est dans la chambre de ce dernier que l’adolescente a été retrouvée « saine et sauve ». « Je laisse ce petit mot à toutes les personnes qui nous ont soutenus dans ces moments très difficiles », a fait savoir sa mère.

Enfermée mais avec un ordinateur

Employé d’une bijouterie de Coutances depuis un mois, l’homme échangeait avec Morgane depuis trois mois. La veille de sa disparition, elle l’avait contacté et lui avait demandé de venir la chercher à Pabu après une dispute avec ses parents. « Elle lui faisait part d’intentions suicidaires », a assuré le procureur de Saint-Brieuc.

A 5 heures du matin, l’homme prenait sa petite Citroën et quittait Coutances pour les Côtes-d’Armor. Il retrouvait Morgane, qu’il n’avait jamais rencontrée, et l’emmenait. Pendant quinze jours, la collégienne restera cloîtrée dans le logement aux volets fermés, passant ses journées sur Internet, où elle a forcément croisé les avis de recherche la concernant. D’après son hébergeur, elle était enfermée mais pouvait déverrouiller la porte de l’intérieur, ce que les gendarmes ont confirmé. L’adolescente aurait expliqué qu’elle ne savait pas comment sortir et a évoqué des disputes.

Le suspect avait déjà agi avec une autre ado

Le mis en cause était toujours en garde à vue ce mercredi. Il pourrait être poursuivi pour enlèvement, séquestration non suivie de libération volontaire sur mineure de moins de 15 ans. Le procureur va requérir son placement en détention provisoire, considérant qu’il n’en est pas à son premier fait. Le mis en cause devait comparaître ce mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Beauvais pour des faits de soustraction de mineure. En avril, il avait rencontré une adolescente de 14 ans sur le réseau social Reality et avait fini par venir la chercher au collège car elle « ne se sentait pas bien ». Se disant lui-même victime de harcèlement, l’homme aurait tenté plusieurs fois de mettre fin à ses jours par le passé et semble se trouver une nouvelle vie sur les réseaux sociaux.

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L’utilisation des réseaux sociaux est au cœur de cette affaire. D’après le procureur de la République, Morgane aurait reconnu s’être disputée avec des amies au sujet de son usage immodéré de son téléphone. La même altercation éclatait avec ses parents le dimanche, veille de sa disparition. Ses parents estimaient que l’adolescente pouvait se mettre en danger en envoyant des photos d’elle. Son père allait jusqu’à casser le téléphone. Morgane avait supprimé tous ses comptes sur ses réseaux sociaux le jour même, avant de disparaître le lendemain.