Montpellier : Handicap, street art, agoraphobie… Avec Vasy, les itinéraires piétons sont sur-mesure

Dans les applications que l’on utilise pour se déplacer, c’est la voiture la reine. Les transports en commun ou la marche ne sont, bien souvent, que des deuxièmes, voire des troisièmes choix. La bonne idée de Vasy, une application en cours de développement à Montpellier (Hérault), c’est de proposer à l’utilisateur, d’abord, des itinéraires en tramway, en bus, à vélo, à trottinette, et surtout, à pied.
Le logiciel mobile, qui sera lancé en 2024 dans la capitale héraultaise et à Djerba, en Tunisie, avant de partir à l’assaut du monde, rendra compte, en effet, des contraintes environnementales, et des dépenses énergétiques. « L’application sera conçue d’une façon à ce que l’on opte plus pour des mobilités douces que pour l’automobile, que l’on proposera en dernier », explique Dhia Souei, président et cofondateur de Vasy. Exactement l’inverse de la plupart des grandes applications GPS du marché.
Des itinéraires adaptés aux peurs ou aux handicaps
Et Vasy ne fera pas qu’inciter à laisser sa voiture au garage. L’application promet d’être plus adaptée aux mobilités douces, et en particulier à la marche. Les itinéraires piétons seront en effet affinés, en tenant compte des spécificités de ce mode de déplacement. Mais pas seulement. L’équipe de Vasy, dont les membres viennent d’horizons très divers (les objets connectés, la cartographie, les sciences cognitives, la psychologie, l’informatique, etc.), a mis au point d’ingénieux algorithmes capables de définir avec précision un trajet à pied, d’un point A à un point B, en tenant compte de circonstances particulières, comme une phobie, ou une situation de handicap.
« Imaginez que vous souhaitiez aller de la place de la Comédie aux jardins du Peyrou, à Montpellier, image Dhia Souei, enseignant-chercheur, expert des mobilités douces. Imaginez que vous êtes agoraphobe. Vous ne supportez pas la foule. L’application va calculer un itinéraire, où vous ne traversez pas la rue de la Loge, par exemple », grâce à une intelligence artificielle semblable à celle que Wave utilise pour les bouchons. « Une personne à mobilité réduite pourra aussi éviter les ruelles pavées, par exemple. Ou une jeune femme, qui rentre tard le soir, pourra choisir un itinéraire » Safe » », c’est-à-dire loin des ruelles mal éclairées, ou de celles souffrant d’une mauvaise réputation.
Vasy permettra de monétiser ses propres itinéraires
L’application sera également capable de générer des trajets en fonction de ses envies, selon que vous souhaitiez marcher au vert, dans des rues où le street art est roi, ou dans des quartiers calmes. Et le petit plus, c’est que « chacun pourra créer ses propres itinéraires, avec des spécificités particulières, et les commercialiser. A chaque que quelqu’un téléchargera son itinéraire, l’utilisateur touchera une commission », reprend le co-créateur du concept. Un trajet de bar en bar, de musée en musée, ou à la découverte des plus beaux bâtiments de la ville. Vasy intégrera même un réseau social, où chacun pourra partager ses plus belles photos, ses bonnes adresses de restaurants, etc.
Le projet d’application a été couronné par le programme Meet Africa, qui soutient l’entreprenariat de diaspora entre l’Afrique et l’Europe, et a tapé dans l’œil du laboratoire Epsylon, à l’université Paul-Valéry. Et depuis cette année, l’équipe de Vasy est incubée au Bic, la célèbre pépinière de start-up prometteuses de Montpellier.