France

Montpellier : Des bâtiments complètement barrés s’apprêtent à sortir de terre

Leur nom est une référence aux « folies », ces vastes demeures réalisées à la demande de nobles ou de bourgeois qui ont fleuri à Montpellier sous l’Ancien Régime. Montpellier a décidé de relancer ces « folies du XXIe siècle », d’un genre nouveau : en faisant appel à des architectes de renom pour disséminer, en divers endroits de la ville, des immeubles qui doivent contribuer au cachet de la ville.

Ces immeubles doivent être financés à 100 % par des investisseurs privés, construits sur des petites parcelles appartenant à la ville, présentées lors du lancement du projet en 2012 comme des « dents creuses », des bouts de terrain sans continuité géographique, et donc difficilement exploitables par la collectivité. Ces quatre nouvelles folies, présentées à Cannes lors du MIPM (Marché international des professionnels de l’immobilier), s’inscrivent dans un programme lancé onze ans plus tôt par Michaël Delafosse (PS). Il était alors adjoint à l’urbanisme à Hélène Mandroux (PS), la maire de l’époque.

Celui qui a depuis conquis la mairie en 2020, avait à l’époque lancé le projet de douze folies. Deux seulement sont sorties de terre : l’arbre blanc de Sou Fujimoto, situé dans le quartier Richter, près du Lez et d’Antigone. Et la folie divine de Farshid Moussavi, situé aux portes de Port-Marianne, entre le rond-point Ernest Granier (connu par les Montpelliérains comme le rond-point aux drapeaux rouge et bleu) et Odysseum. Après son élection à la mairie en 2014, Philippe Saurel (DVG) avait pris soin de mettre fin à ce programme immobilier. Une parenthèse que Michaël Delafosse a donc tenue à refermer.

Un cinquième projet, qui devait être initialement dévoilé, dans le quartier du nouveau Saint-Roch, à proximité de la gare, fait l’objet d’un nouvel appel d’offres. Il pourrait être présenté à l’automne, en même temps que huit autres folies architecturales du XXIe siècle.

La sentinelle (folie Vernière)

La sentinelle, se trouvera au pied du Corum.
La sentinelle, se trouvera au pied du Corum. – Odile Decq

Sur une petite surface (276 m2) et une contrainte de hauteur (18 m maximum), La sentinelle prendra place au pied du Corum, en bas de la rue du Pila Saint-Gély. Elle a été confiée à Odile Decq, auteur notamment du Frac de Bretagne ou du restaurant Phatom de l’opéra Garnier. Ce bâtiment aux formes arrondies épousant la courbure du terrain, est présenté comme « un totem, une vigie qui interpelle et constitue un signal urbain fort », selon sa conceptrice. « Les stores corbeille sont comme des paupières pour un meilleur confort thermique. Les bulles sont les ouvertures qui relient l’intérieur et l’extérieur, certaines sont des balcons au-dessus du vide pour s’amuser, flotter. »

Alma Terra (folie Manuguerra)

Alma Terra est un projet de cinq bâtiments, en face de la folie divine, première des folies du XXIe siècle, sortie de terre en 2017.
Alma Terra est un projet de cinq bâtiments, en face de la folie divine, première des folies du XXIe siècle, sortie de terre en 2017. – Manuelle Gautrand – Estebe/Cathala

Les bâtiments feront face à la folie divine, de l’autre côté de la ligne de tramway et de l’avenue du Mondial 98. Il ne s’agit pas d’un et de cinq immeubles sur 8.400 m2 de surface, imaginés par la Marseillaise Manuelle Gautrand. L’architecte l’imagine comme « un projet de vie et pas un projet de logements afin de retrouver un esprit village. Cinq bâtiments élancés et articulés entre eux par des passerelles sociales et végétalisées reliant les logements à des espaces de vie partagés. » Avec potagers collaboratifs, crèche, école d’art pour les enfants, atelier bricolage, orangeraie. Les bâtiments auront des formes arrondies « pour la délicatesse, pour éviter les vis-à-vis, avec des terrasses protégées du vent, de la pluie, du soleil ».

L’oasis (folie Ovalie)

A l'entrée du quartier Ovalie, l'Oasis sera composé de deux bâtiments.
A l’entrée du quartier Ovalie, l’Oasis sera composé de deux bâtiments. – Coldefy

A l’entrée du quartier Ovalie, ce projet comporte deux plots : un bâtiment de 4,500 m2 de logements en mixité sociale en R + 13 maximum et un second de 3.000 m2 de bureaux en R + 5 maximum. Les deux bâtiments seront reliés l’un à l’autre. Le projet devra intégrer un rez-de-chaussée commercial, un roof top accessible au public, et participer à l’animation du quartier. Les deux architectes, Thomas Coldéfy et Isabelle Van Haute, l’ont imaginé avec des formes circulaires et des lignes douces, en contraste avec les formes cubiques du quartier sorti de terre lors de la construction du complexe Yves-du-Manoir où évolue le club de rugby de Montpellier.

Les galets (folie République)

Les galets, un lieu de transition entre Montpellier et la mer.
Les galets, un lieu de transition entre Montpellier et la mer. – OMA – MDR

Connue pour ses bâtiments aux formes spectaculaires et iconoclastes, Ellen Van Loon a imaginé ces bâtiments comme un trait d’union entre Montpellier et la plage, qui se trouve quelques kilomètres plus loin, sur la route de la mer. Les galets seront posés sur une surface de 2,610 m2. Les bâtiments, enter R + 8 et R + 12, sont prévus comme un lieu vivant. L’un des rooftops sera par exemple dédié au sport pour les usagers du bâtiment. Ils accueilleront également une salle de 200 à 250 personnes pour des spectacles vivants.