« Momies » : L’exposition du Musée de l’Homme ne laisse pas indifférents les vivants

L’exposition Momies se tient jusqu’au 25 mai 2026 au Musée de l’Homme, situé 17, Place du Trocadéro, 75016 Paris. Le Musée de l’Homme n’expose que neuf des soixante-dix dépouilles présentes dans ses réserves.

« Il faut bien comprendre que ce sont des personnes décédées que nous présentons dans l’exposition ». Dès le départ, Aurélie Clemente-Ruiz, la directrice du Musée de l’Homme, fixe le cadre. Visiter l’exposition *Momies*, qui se tiendra jusqu’au 25 mai 2026*, ne sera pas une démarche anodine pour les visiteurs. *20 Minutes* s’y est rendu.

## Tout voyeurisme exclu

Bien que le thème des momies suscite une grande fascination dans l’imaginaire collectif (le rédacteur de cet article a lui-même longtemps été intrigué par les momies incas découvertes jadis par Tintin dans *Le Temple du Soleil* !), il s’agit d’un sujet délicat. « L’idée n’est pas de choquer mais d’accompagner le visiteur pour partir à la rencontre de ces personnes issues de cultures et d’époques différentes, comme des témoins du passé », précise Aurélie Clemente-Ruiz.

Cependant, il est probable qu’une curiosité légèrement morbide anime certaines personnes qui franchiront les portes de l’exposition. Elles pourraient être déçues, car ici, tout voyeurisme est interdit.

## Préservation et transmission des corps

D’abord, *Momies* ne se limite pas à une simple exposition de corps emmaillotés ou enrubannés extraits de leurs tombes ou sarcophages. Parmi les soixante-dix dépouilles conservées dans ses réserves, le Musée de l’Homme en expose seulement neuf, dont les origines et les histoires sont très variées. Cela inclut ce qu’elles représentent et la manière dont elles ont été préservées.

Dans les allées de *Momies*, le public s’intéressera notamment aux techniques de momification et de préservation des corps. Que ce soit par des procédés naturels (comme le tannage dans les tourbières, autrefois en vogue au Danemark ou en Irlande), par le froid (où les molécules d’eau retirées des corps permettent la momification), ou par des méthodes chimiques utilisant des instruments spécifiquement conçus pour injecter des substances conservatrices.

## Un patrimoine muséal qui questionne

On remarquera également l’attrait considérable que les momies ont pu exercer, particulièrement en France, au XIXe siècle. Une véritable « momie mania » qui, grâce à des pigments extraits de momies égyptiennes broyées (utilisés pour créer le « brun momie »), aurait notamment permis à Eugène Delacroix de réaliser certaines parties de son chef-d’œuvre *La Liberté guidant le peuple*.

Le Musée de l’Homme interroge aussi son propre patrimoine muséal, renforcé par l’engouement pour l’archéologie au XIXe siècle. « Dans le pays de Descartes, nous avons une position clairement affirmée de considérer le corps humain avec respect, curiosité, et la capacité de susciter des émotions. Montrer ces corps, c’est aussi donner la possibilité de se recueillir. Mais cela reste un sujet scientifique, anthropologique, qui n’est pas évident », a souligné Gilles Bloch, président du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) à Paris, lors de l’ouverture de l’exposition *Momies*.

À l’issue de la visite, un espace de réflexion est proposé, incluant certaines œuvres d’art traitant de la mort (*Rien*, de Jean-Michel Alberola ; *Et si on s’arrêtait de mourir*, de Jérôme Conscience), ainsi qu’une urne (non funéraire), où le public peut déposer un message ou une réflexion.

## Ouvrir un espace de discussion

Il est donc essentiel de se rendre au Musée de l’Homme en gardant ces différents éléments à l’esprit. Les momies, exposées sous vitrine derrière un voile semi-transparent, peuvent, si le visiteur le désire, être simplement entreaperçues. Certaines, comme l’*Homme de Chachapoya* (qui aurait inspiré le peintre Edvard Munch pour son tableau *Le Cri*), sont particulièrement impressionnantes visuellement.

Peut-on visiter l’exposition *Momies* avec des enfants ? Oui, probablement à partir de 8/9 ans. Un livret de médiation culturelle intitulé *Et toi, si tu étais une momie ?* est d’ailleurs proposé gratuitement à l’entrée pour accompagner les plus jeunes durant leur visite. Les parents ont aussi la responsabilité de fournir les explications nécessaires. Cela offre également l’occasion d’ouvrir un espace de discussion sur la fragilité et la temporalité de l’existence humaine, et plus largement, sur la mort.

*Musée de l’Homme, 17, Place du Trocadéro, 75016 Paris. Plein tarif : 15 euros. Tarif réduit : 12 euros. Moins de 26 ans : Gratuit. Ouvert tous les jours de 11h à 19h, sauf le mardi.*