Miss France 2025 : Limousin, Auvergne… Ces régions qui ne remportent jamais le concours
A l’image du Real de Madrid en Ligue des champions, certaines régions en compétition au concours Miss France, diffusé chaque année sur TF1, trustent régulièrement le haut du podium : Le Nord-Pas-de-Calais, la Guadeloupe, l’Alsace, l’Ile-de-France… On ne compte plus les nombreuses miss victorieuses originaires de ces territoires – dont Eve Gilles, Miss France 2024-, de véritables machines de guerre pour ravir écharpes et couronnes.
Et puis il y a des régions qui gagnent peu, voire pas du tout. L’Auvergne, la Martinique, le Limousin ou encore la Champagne-Ardenne n’ont jamais remporté le concours et font chou blanc à chaque élection. Comment vit-on d’être parmi les outsiders de Miss France ? Perd-on espoir face aux grands favoris ?
« C’est un challenge »
Depuis la création du concours, pas une seule Miss Auvergne n’a enfilé l’écharpe de la gagnante. Il y a bien eu deux 2e dauphine, Maryline Brun en 1999 et Clémence Oleksy en 2010. Mais jamais de couronne. « C’est frustrant, dans le sens où on ne voit pas pourquoi nous n’aurions jamais une Miss France, explique à 20 Minutes Mélanie Billard, déléguée régionale Miss Auvergne. Mais je ne suis pas frustrée, au contraire, c’est un challenge. Le Nord-Pas-de-Calais, la région PACA… Tout ce qu’elles font est super, nous aussi, nous devons faire ça. »
Non loin des volcans auvergnats, la région Limousin, qui a connu un coup de projecteur avec Sophie Vouzelaud, Première dauphine de Rachel Legrain-Trapani en 2006, court elle aussi après son écharpe. Et elle aussi se réjouit quand même pour ses petites camarades bien loties, non sans une petite pointe d’amertume. « Nord-Pas-de-Calais, on leur dit qu’on en a marre de les voir, c’est sûr !, s’en amuse Nadine Preece, déléguée régionale. Mais ce n’est pas méchant. Tant mieux pour eux, ils font ce qu’il faut pour. Mais ils ont aussi les moyens qu’on n’a pas. »
La ferveur que suscite le concours n’est pas la même partout. Par ailleurs, certaines régions multiplient aussi les élections locales (plus d’une quinzaine dans le Nord-Pas-de-Calais contre 4 dans le Limousin) et attirent plus de partenaires financiers et logistiques. Un combat à armes inégales ?
« Tout à fait, mais ça nous motive aussi, répond Nadine Preece. Il est dit également que dans certaines régions, on prépare les jeunes filles bien en amont. Dès qu’elles ont 16 ans, on essaye de détecter le potentiel pour Miss France. C’est pire qu’un sport ! On se bat, mais c’est bon enfant. Ce qui nous intéresse est d’avoir une jolie jeune femme, intéressante, qui représente la France. »
Redynamiser et moderniser le concours
Ce statut d’outsider, la délégation de Miss Auvergne ne le conteste pas. « C’est factuel, il n’y a jamais eu de Miss Auvergne élue Miss France. On n’est pas forcément attendu », reconnaît Mélanie Billard. Mais le vent pourrait tourner : « Cette année, notre Miss fait partie des favorites, elle plaît beaucoup, notamment sur les réseaux sociaux. Romane Agostinho a vraiment tout ce qu’il faut pour être Miss France. Je dis même que si ce n’est pas cette année, ce ne sera jamais ! »
Pour mener sa candidate au sommet, Mélanie Billard a mis le paquet. A commencer par le développement des élections départementales, essentielles, selon elle. « C’est comme une entreprise, il faut la développer pour que ça prenne. Le fait de mailler le territoire [avec différentes élections en amont de la régionale], ça crée une culture, les gens attendent chaque année ces événements. En Auvergne il n’y a jamais eu ça, ça n’a jamais été très structuré », précise-t-elle.
Il y a aussi tout un travail de communication pour dépoussiérer ce concours. « Les gens ont encore cette image d’il y a 25 ans d’une fille potiche qui va faire son défilé. C’est dommage, parce que Miss France a réussi à moderniser ce concours, à en faire quelque chose d’attirant pour les jeunes filles. Mon idée est de reproduire ça en région. Participer à l’élection de Miss Auvergne, c’est participer à un événement phare qui met à l’honneur les femmes et leur permet de briller pour leur savoir, leur charisme, leur discours… S’affirmer au-delà de la beauté », estime Mélanie Billard.
Des sportives de haut niveau
Du côté du Limousin, on travaille aussi d’arrache-pied pour tenter de décrocher une couronne de Miss France. « Chaque fois, chaque année, on réfléchit et on travaille sur tout. On a également de plus en plus d’intervenants pour préparer ces jeunes filles : un coach mental, vocal… », énumère Nadine Preece.
Gagner ce concours n’est plus qu’une question de critères physiques. Les jeunes femmes sont désormais attendues sur leurs qualités d’éloquence, leur sympathie mais aussi leurs capacités à supporter l’exposition médiatique, dans les médias ou sur les réseaux sociaux. On se souvient encore d’Eve Gilles, qui dès le lendemain de son élection, devait se justifier d’avoir les cheveux courts… Or, toutes les prétendantes au titre ne sont pas armées pour résister au poids de cette écharpe de Miss France et ses conséquences.
« Ce sont des ambassadrices, souligne Mélanie Billard. On a besoin de filles qui sont préparées, comme des sportives de haut niveau. Dans les grosses régions, elles sont coachées, ce qui n’a jamais été fait en Auvergne. Aujourd’hui, on fait en sorte d’accompagner à fond notre miss. Elle a pris des cours de théâtre, elle a vu une préparatrice mentale, physique… On l’a aussi mise sur plein d’événements pour l’habituer à être au contact des gens et à prendre la parole. »
La nouvelle donne
Au-delà de cette préparation à 360, les nouvelles règles du concours pourraient aussi permettre de rebattre les cartes. S’il faut toujours mesurer plus 1m70, d’autres critères ont été assouplis. Les candidates peuvent désormais porter des tatouages, être en couple ou avoir des enfants. De même, il n’y a plus d’âge limite pour se présenter au concours. Dans une certaine mesure, on peut s’attendre à découvrir des miss aux profils quelque peu différents.
Dans le Limousin, on garde espoir de se voir décerner le titre de Miss France un jour. Et on se raccroche aussi aux plus petites victoires. « Nous avons eu plusieurs écharpes de la sympathie [décernées par les autres candidates], on a fini par avoir celle du costume régional, celle de la photogénie… On a eu tout ça ces dernières années quand même ! Ça réconforte. Et il y a eu aussi Aude Destours, Miss Auvergne 2017, qui s’est classée 4e dauphine. Ça nous a mis un peu de baume au cœur », confie Nadine Preece. Miss France 2025 nous réserve-t-elle une énième victoire des favoris ou la revanche des outsiders ?