Miss France 2025 : Les costumes régionaux peuvent rapporter gros
Glissé entre les défilés en maillots de bain, en robes de soirée ou de princesses, un tableau est particulièrement attendu chaque année des téléspectateurs de Miss France sur TF1 : la séquence des costumes régionaux. Les unes après les autres, les 30 prétendantes à la couronne déambulent lors d’une chorégraphie savamment orchestrée, arborant chacune une tenue originale aux couleurs de leurs régions.
Pour les créateurs de ces tenues souvent extravagantes, un véritable enjeu se trame en parallèle du concours de Miss, celui du titre du meilleur costume régional, délivré par un jury à la fin de l’émission. A la clé, un chèque de 1.500 euros pour le gagnant ou la gagnante. Mais c’est quoi, un costume réussi ? Et comment se démarquer parmi les créations toutes plus originales, qui croulent sous les paillettes, les plumes et parfois même des coquilles d’escargots ?
Modernité, innovation et tradition
Le samedi 14 décembre prochain, lors de l’élection de Miss France 2025, Alexia de Barbarin participera pour la 4e fois à ce défilé de costumes régionaux. Après avoir habillé plusieurs Miss Poitou-Charentes les années précédentes – et remporté le prix du meilleur costume en 2022-, elle vêtira Laura Marque, Miss Aquitaine 2024.
« J’aime bien les challenges, me surpasser et développer ma créativité. Je me suis dit que ce serait une bonne opportunité de mettre un peu plus en avant ce côté artistique. Un costume régional n’est pas forcément chic ou classe, ce que j’ai éventuellement l’habitude de faire, il doit être avant-gardiste », explique cette styliste haute couture à la tête Des éclats d’Alexia, à Jarnac (Charentes).
Pour pouvoir participer, elle a dû soumettre son projet au comité Miss France, à la suite d’un appel à candidatures. Chaque participant peut proposer jusqu’à 3 dossiers, dans 3 régions différentes. Les heureux élus verront ensuite leur création défiler sur le plateau de TF1, devant des millions de téléspectateurs.
« C’est un peu la pression », reconnaît Maël Charton, styliste costumier, qui a élaboré plusieurs tenues pour des candidates lorraines, dont un en particulier a fait mouche. « Dans le dossier de candidature, on nous demandait de faire quelque chose d’innovant, de moderne, tout en respectant la tradition. J’avais pris le thème de Saint-Nicolas, que j’avais fait en version très courte avec une cape, une petite robe et tous les accessoires pour lesquels ce saint est connu. C’est moi qui ai remporté le prix du meilleur costume régional ! », se réjouit-il.
Et c’est parti pour le show !
Si les robes de soirées arborées par les Miss lors de l’élection doivent mettre en avant leur élégance, un costume régional doit aussi mettre en lumière un territoire, une culture, identifiable en une poignée de secondes. « C’est un costume où l’on reconnaît des éléments forts et emblématiques de la région », estime Mélanie Billard, déléguée régionale de Miss Auvergne. Certains créateurs vont ainsi s’emparer d’un monument historique, d’une spécialité gastronomique, un savoir-faire, un personnage reconnu ou encore une végétation spécifique.
Cette année, Alexia de Barbarin présentera une création sur le thème « Le vin de Bordeaux et son fût de prestige », pour Miss Aquitaine. Il y a deux ans, la styliste s’était emparée de la thématique des « cagouilles », ornant une robe d’une multitude de coquilles d’escargots dorées, y insufflant une démarche écoresponsable. « Je regarde l’élément dont on parle le plus dans la région pour ensuite me l’approprier et y réfléchir au niveau artistique. J’essaye de jouer aussi sur quelque chose de reconnu à l’échelle nationale, voire mondiale, pour pouvoir toucher beaucoup plus de monde », précise-t-elle.
L’an dernier, Maël Charton s’était attaqué à la gastronomie lorraine, imaginant une robe tout en démesure et un peu « osée », en forme de table. « Faire une robe de soirée classique et coller un petit truc à l’épaule et à la ceinture, pour moi, ça n’allait pas assez loin », souligne-t-il. Ses inspirations ? Le monde du spectacle, de Broadway, l’univers des Drag-Queen ou encore de Lady Gaga.
« J’aime beaucoup le monde des miss, je regarde même les compétitions internationales, dont Miss univers. On y voit des choses dinguissimes comme des miss habillées en marché aux poissons ou en avion. Ce sont des costumes très beaux. Il faut quand même rappeler que ce n’est pas le tableau final avec de belles robes, c’est un segment du show, on est décalé ! », rappelle-t-il.
Une exposition notable pour les créateurs
Pour tous ces stylistes, débutants ou confirmés, participer à ce concours du costume régional leur offre également une belle exposition. Leur création défile ainsi devant la France entière et depuis peu, leur nom est indiqué au bas de l’écran lors de l’émission. Une récompense notable pour ces costumes réalisés entièrement aux frais des stylistes et qui ont parfois nécessité plusieurs centaines d’heures de travail.
« C’est une belle vitrine, confirme Alexia de Barbarin. Ça dépend aussi si le costume sort un peu du lot. Quand on gagne, on nous repère, on nous interviewe, on a des demandes. Mais même lorsqu’on ne remporte pas le prix, le fait d’être sélectionné au concours théorique puis pratique, puis de voir défiler son costume à la télévision, ce n’est pas négligeable. »
Parfois, cette belle exposition comporte aussi des aspects beaucoup plus négatifs. Comme pour Maël Charton, dont le passage de sa robe en forme de table s’est teinté d’amertume. Un parti pris artistique qui a suscité une vague de moqueries sur les réseaux sociaux, allant jusqu’au cyberharcèlement.
« Au début de la soirée, il y avait des mèmes très drôles, raconte-t-il. J’ai du second degré et beaucoup d’autodérision, moi-même ça m’a fait rire et je les ai partagés dans ma story Instagram. Mais après, c’est devenu la surenchère à celui qui fait la pire blague, jusqu’à ce que quelqu’un dise vraiment quelque chose de méchant et embarque tous les autres… C’était gratuit. »
Positif et passionné par son travail, Maël Charton s’est raccroché aux critiques positives reçues après l’émission, de personnes du monde du spectacle et de téléspectateurs. « Si je peux faire briller les yeux d’une petite fille ou d’un petit gars qui veut devenir styliste, ma mission est remplie ! », dit-il. Sans oublier l’essentiel : « C’est une belle soirée Miss France, c’est fun, il y a plein de lumières, des couleurs, des sourires, c’est la fête, amusons-nous ! »