Meurtre d’un agent municipal à Grenoble : Le suspect sera remis à la France « dans les prochaines semaines »
«C’est une immense satisfaction pour nous tous ici présent. » Lors d’une conférence de presse, le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, s’est félicité de l’arrestation, jeudi, vers 17 heures, au Portugal, de l’homme suspecté d’avoir tué Lilian Dejean le 8 septembre dernier. Cet agent de propreté de 49 ans a été atteint d’une balle au thorax tôt alors qu’il tentait d’empêcher de fuir un homme ayant causé un accident de la circulation, au volant d’une puissante voiture de location immatriculée en Pologne. « Il y a une vidéo qui montre le tir », a révélé le magistrat. Le suspect, Abdoul Diallo, 24 ans, avait ensuite pris la fuite à pieds.
Mais il a été rapidement identifié par les enquêteurs puisque sa carte d’identité a été retrouvée dans son véhicule le jour des faits. L’homme, domicilié à Saint-Martin-d’Hères dans la banlieue de Grenoble, est déjà très connu des services de police et de justice. « Il a été incarcéré pour la première fois par le juge des enfants de Grenoble à l’âge de 15 ans. Il a 19 condamnations à son casier judiciaire, beaucoup pour des faits de violence mais également pour du trafic de stupéfiant. Au total, il a été condamné à six ans de prison ferme au cours des dix dernières années », a détaillé Eric Vaillant.
Un « dossier sensible et prioritaire »
Deux mois et demi plus tard, il a été interpellé à Póvoa de Lanhoso, une ville située à environ 70 km au nord de Porto. « Actuellement, il est détenu au Portugal en vertu du mandat d’arrêt européen délivré par la juge d’instruction de Grenoble. Il sera remis à cette magistrate dans les prochaines semaines », a expliqué Eric Vaillant, soulignant l’efficacité de la « coopération policière et judiciaire européenne » dans ce dossier. Lorsqu’ils ont été sûrs que le suspect se trouvait dans ce pays, les enquêteurs français ont communiqué leurs informations « à leurs homologues portugais avec lesquels ils sont en lien quotidien depuis plusieurs semaines ».
Le directeur zonal de la police judiciaire, Damien Delaby, a tenu à remercier les enquêteurs de la PJ de Porto « qui a mis tous les moyens pour localiser très précisément le principal suspect ». « Sans eux on n’en serait pas là aujourd’hui », a-t-il souligné. Dès le début de l’affaire, une quarantaine d’agents de la division de la criminalité organisée et spécialisée de l’Isère et du Rhône ont été mobilisés sur ce « dossier sensible et prioritaire ». Les policiers ont déployé « des moyens techniques et humains importants » pour traquer le fugitif. Lesquels ? « Les techniques légales d’enquête ont été utilisées, rien de plus », s’est contenté d’indiquer le procureur de la République qui n’a pas souhaité, non plus, expliquer comment les fonctionnaires avaient localisé Abdoul Diallo au Portugal.
« Il se croyait à l’abri sans doute »
Selon Le Dauphiné Libéré, les investigations téléphoniques ont révélé que le suspect avait quitté la région grenobloise après le drame et qu’il se dirigeait vers le sud du pays. Les enquêteurs ont ensuite fait le lien avec des proches du suspect qui vivent dans ce pays. Paris Match précise que la compagne d’Abdoul Diallo est d’origine portugaise, ce qui a incité les policiers à cibler particulièrement ce pays. Là-bas, « il se croyait à l’abri sans doute », a conclu Eric Vaillant. Les investigations se poursuivent afin de déterminer si le suspect a bénéficié de l’aide de complices dans sa fuite. Pour l’heure, aucune autre arrestation n’a eu lieu.