France

Meurtre de Victorine : « Je ne suis pas un violeur », martèle Ludovic Bertin mis face à ses contradictions

A la cour d’assises de l’Isère,

« Moi, je ne suis pas comme ça. J’aime pas ces gens ». Secouant nerveusement la tête en guise de dénégation, l’accusé répète inlassablement la même phrase, appuie son propos d’un geste de la main sur la poitrine. Longtemps interrogé ce mercredi sur le meurtre de Victorine Dartois, Ludovic Bertin le martèle : « Je sais que je ne suis pas un violeur ». Et d’ajouter en s’agitant dans le box des accusés : « Moi, je suis un petit gars qui joue au foot. J’ai des sœurs, j’ai des nièces. Je n’ai pas été éduqué comme ça ».

Alors comment expliquer que la victime ait été retrouvée en partie dénudée, son pantalon lui ayant été retiré ? Ce qui, selon les experts, est un « indice » caractéristique des « meurtres à connotation sexuelle ». « C’était pour ne pas laisser de traces », persiste l’intéressé, pourtant mis face à ses contradictions. « Vous comprenez qu’en enlevant seulement ce pantalon, on puisse penser cela. La question se pose », soulève Valérie Blain, la présidente de la cour. « Oui, mais j’ai du mal à accepter. Tous ceux qui me connaissent disent que je suis un mec cool et calme. En prison, si je ne sors pas en promenade, c’est parce qu’on m’a mis avec des prédateurs. Mais moi, je ne suis pas comme eux. »

C’est pourtant ce qu’a patiemment et méticuleusement tenté de démontrer la présidente de la cour durant les trois heures d’interrogatoire. A 18h48 précisément, Ludovic Bertin et Victorine se trouvent sur le même chemin forestier, à moins de cent mètres l’un de l’autre. Un retraité, habitué à promener son chien, marche derrière l’étudiante mais n’aperçoit à aucun moment l’accusé. Onze minutes après, le sexagénaire, qui s’est arrêté discuter avec d’autres gens, perd de vue la jeune femme. Elle, arrive aux escaliers dans lesquels elle sera étranglée. Ce mercredi, l’accusé a maintenu sa version des faits, à savoir qu’il a malencontreusement bousculé Victorine en la doublant en bas des marches en bois. Et qu’elle l’a insulté pour cette raison, alors qu’elle était réputée pour sa politesse et sa douceur.

« Monsieur Bertin, vous partez du même point de départ que la victime et le promeneur, à une minute d’écart. Ils marchent, vous courrez. Comment vous pouvez vous retrouver derrière elle dans les escaliers, comme vous le dites ?  », la cuisine Valérie Blain. Sentant sans doute le piège se tendre, Bertin bredouille : « Je ne la suivais pas ». « Oui, on le sait. Si vous l’aviez suivie, le promeneur vous aurait vu. Il a dit ce matin qu’il n’y avait personne entre lui et Victorine sur ce chemin. Alors comment expliquez-vous que vous étiez derrière elle ? » « J’ai du mal », répond l’intéressé.

« Je ne vais pas répondre à cette question »

« Hé bien, je vais vous l’expliquer, rebondit la présidente. Vous les doublez tous les deux au début du chemin, vous continuez. Et lorsque Victorine arrive, vous êtes en haut des escaliers… » La magistrate n’a pas le temps de finir sa phrase, L’accusé s’insurge déjà. « Ce n’est pas un guet-apens », s’offusque-t-il avant de maintenir qu’il était « derrière elle ». « Ce n’est pas possible, mathématiquement. Les données scientifiques le démontrent », répond Valérie Blain, acculant progressivement l’accusé. Et de porter le coup de grâce : « Monsieur Bertin, si vous n’êtes pas derrière, il n’y a pas de bousculade. Et s’il n’y plus de bousculade, pourquoi l’étranglez-vous ? » Dos au mur, Ludovic Bertin affiche sa mauvaise foi. Et lâche d’une salve boudeuse : « Je ne vais pas répondre à cette question. » Le verdict est attendu vendredi. L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.