Meurtre de Victorine : « Il ment, il fait le malin »… Ludovic Bertin perd ses nerfs face à l’ami qui l’a dénoncé
A la cour d’assises de l’Isère,
« Pour plaisanter, je lui ai demandé si ce n’était pas lui qui avait fait le coup. » Apprenant que Victorine Dartois avait été tuée « en bas » de chez son meilleur pote Ludovic Bertin, Maxime* a cru bon de le charrier à ce sujet. « On se parlait en FaceTime, il a aussitôt raccroché. » Quinze minutes après, l’intéressé s’est pointé à sa porte, passant aux aveux : « J’étais choqué, reprend Maxime. Il m’a dit « C’est moi. C’est moi qui l’ai tuée ». Il m’a expliqué qu’il avait voulu la violer, mais que, sur un élan de conscience, il ne l’avait pas fait. Après, il ne pouvait plus la laisser partir, et il l’avait étranglée ».
Entendu lundi matin à l’ouverture de la seconde semaine du procès de Ludovic Bertin, le jeune homme maintient fermement ses déclarations, les mêmes depuis quatre ans. « Je n’ai jamais menti, c’est une histoire trop grave pour cela. Et je le dis avec aplomb car j’ai compris que ma parole était remise en cause », assène-t-il en direction de la défense.
« Cette dénonciation m’a coûté, mais elle était obligatoire »
Droit à la barre, le trentenaire déroule avec précision le fil des événements de septembre 2020 qui ont conduit à la mort de Victorine 18 ans, dont le corps a été retrouvé dans un ruisseau de Villefontaine. Le jour de sa confession, Ludovic Bertin était « pris de remords, il voulait se rendre », assure-t-il. Mais les jours ont passé et l’accusé n’a jamais poussé la porte de la gendarmerie « Je lui ai dit « va te rendre », mais j’ai compris qu’il n’était plus dans cette optique. Je n’avais plus d’autre choix que de le dénoncer », ponctue Maxime. Lui ne trouvait plus le sommeil et n’arrivait plus « à garder tout ça ». Mais la décision a été douloureuse à prendre : « Ludovic, je l’appelais « mon frère » ». Le garçon a donc pris conseil auprès de deux autres amis et s’est fait conduire auprès des enquêteurs.
« L’acte de dénonciation m’a coûté, mais il était obligatoire. Je l’ai fait pour moi, pour la famille Dartois mais aussi pour lui indirectement », souligne-t-il. Ce qui n’est pas du goût de l’accusé. Appelé à se lever pour réagir, Ludovic Bertin laisse éclater sa rage. Le ton poli employé lors des premiers jours du procès vire rapidement à l’agressivité. « Il a la haine contre moi. Il y a moins de dix secondes, il m’a lancé un regard de tueur », jette-t-il en fixant son ancien meilleur ami dans un accès de fureur. Des « oh » d’indignation s’élèvent du fond de la salle. « Monsieur Bertin, « regard de tueur » est un peu malvenu », le recadre rapidement Valérie Blain, la présidente de la cour.
« Il ment », s’emporte Ludovic Bertin
Mais l’accusé perd son sang-froid et peste contre le témoin : « Il ment. Il adapte son discours à tout ce qu’il a vu dans les médias. » « Non, mon discours n’a pas changé depuis sa détention mais ma perception des choses, oui », rebondit Maxime avec calme. Et d’enfoncer le clou : « J’ai pu prendre du recul sur l’affaire et le voir autrement que comme mon meilleur ami. » « Il sait bien parler pour me faire passer pour un violeur. Son but, c’est que je ne sorte pas. Il me provoque, il fait le malin », éructe Ludovic Bertin. La présidente lui intime de se calmer. « Je peux terminer ma phrase ? », s’emporte-t-il une dernière fois.
« Avez-vous autre chose à dire ? », demande cette fois la cour au témoin. « Je resterai toute ma vie sur mes gardes, absolument toute ma vie parce que je me méfie de ce qu’il (Bertin) pourrait avoir envie de faire. » Le verdict est attendu le 6 décembre. L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
* Le prénom a été modifié