France

Meurtre de Salomé à Cagnes-sur-Mer : Son compagnon reconnu coupable de féminicide et condamné à la perpétuité

Les jurés de la cour d’assises des Alpes-Maritimes ont tranché. Et ils ont décidé de la peine maximale. Amin Mimouni, le compagnon de Salomé Garnesson, dont le corps meurtri par les coups avait été retrouvé sous un tas de détritus, le 31 août 2019 à Cagnes-sur-Mer, a été condamné ce jeudi à Nice à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.

Cet homme de 29 ans avait reconnu les faits du bout des lèvres lundi à l’ouverture de son procès après les avoir toujours niés malgré des preuves accablantes. Il n’a jamais « exprimé aucune empathie pour la victime », avait déclaré l’avocat général en requérant cette même peine mercredi. Amin Mimouni, reconnu coupable de meurtre par conjoint, écope également d’une période d’inéligibilité d’une durée de dix ans et d’une interdiction de détenir ou de porter une arme pendant quinze ans.

Selon les témoignages, la jeune femme venait de lui annoncer qu’elle le quittait. « Il l’a tuée parce qu’il voyait qu’elle était à nouveau libre, parce qu’il perdait le contrôle sur elle », avait également souligné le représentant du ministère public Fabien Cézanne, estimant qu’il existait un risque de récidive. « S’il ne présente pas de dangerosité au niveau psychiatrique, c’est bien le cas au sens criminologique et social », a-t-il avancé. Pendant les débats, les différents témoins, des proches de Salomé, mais aussi une ancienne petite amie de l’accusé, avaient décrit le mécanisme « d’emprise » dans laquelle cet homme « narcissique », selon les experts, enfermait ses compagnes.

L’intervention de la police critiquée

« Elle était très intelligente, très cultivée. Je me régalais de discuter avec elle. Mais elle s’est mise à moins nous voir, à porter des vêtements amples, qui recouvraient son corps, a notamment raconté la mère de la jeune femme, retrouvée morte à l’âge de 21 ans. Elle a également arrêté ses études, puis elle a quitté son travail. »

La nuit de 30 au 31 août 2019, des témoins avaient appelé la police après avoir entendu des cris dans la rue qui longeait leur habitation, et vu « un jeune en train de massacrer une fille. » L’intervention des forces de l’ordre, ralentie par les « comportements non-professionnels » d’un agent du 17-police secours, avait donné lui à une enquête de l’IGPN à l’issue de laquelle ce policier avait reçu un blâme. Le corps de la jeune n’avait été retrouvé que le lendemain, par un voisin, près de la gare de Cagnes-sur-Mer, où Amin Mimoumi avait « traîné » le cadavre. Sous un amoncellement d’ordures.

Quarante-six ecchymoses ou érosions auront été relevées sur le corps et le visage de la jeune femme que même son père, Patrick Garnesson, n’aura pas été capable de l’identifier. « Ça ne me ramènera pas ma fille mais ça m’allège », a-t-il réagi auprès de l’AFP, après le verdict. « On est soulagé. Cette peine, c’est ce qu’on voulait, on peut passer à autre chose », a ajouté la sœur de la victime, Candice.

« Salomé me réclamait »

Ce jeudi matin lors de ses plaidoiries, la défense de l’accusé a rappelé qu’Amin Mimouni avait été battu par son père, plus jeune. « De l’enfant violenté à l’adulte agresseur, il n’y a qu’un pas qu’il a franchi », a plaidé Me Sophie Rebaudengo. « A-t-il eu l’intention de tuer Salomé ?, s’est ensuite interrogée Me Emmanuelle Boukobza. A cette question vous devrez répondre non », a-t-elle ajouté à l’adresse des jurés, car « on ne peut envisager que cet acte ait été commis en pleine conscience ».

Amin Mimouni, qui pour la première fois lundi à l’ouverture du procès, après plus de trois ans de dénégations, avait reconnu être l’auteur du meurtre, a ensuite de nouveau remis en cause les témoignages, s’en prenant même à la maman de Salomé. « Salomé, elle m’a suivie, elle me réclamait, c’est la vérité madame », a-t-il déclaré.

Le mort de Salomé Garnesson, considéré comme le 100e féminicide de l’année 2019 en France avait suscité une vague nationale d’émotion et d’indignation. Son décès était intervenu quelques jours avant l’ouverture d’un Grenelle des violences conjugales.