France

Meurtre de Louise, 11 ans : « Ça va être la psychose »… Le drame marquera pour de longues années Epinay-sur-Orge

Les habitants d’Epinay-sur-Orge (Essonne) sont dans l’attente d’un début de vérité. Ce lundi, le parquet d’Evry a annoncé que deux personnes avaient été placées en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la mort de Louise, 11 ans, retrouvée ce week-end dans un bois de Longjumeau après avoir disparu à la sortie de son collège. Ainsi, un homme âgé de 23 ans et une femme de 55 ans ont été interpellés, soupçonnés respectivement de meurtre sur une mineure de 15 ans pour l’un et de non-dénonciation de crime pour l’autre.

Si les suspects s’avéraient être coupables, les parents de la ville essonnienne pourraient trouver un brin d’apaisement dans le tourbillon de tristesse et d’angoisse dans lequel ils vivent depuis vendredi. Ce lundi, devant le collège André-Maurois où était scolarisée la victime, ils étaient nombreux à confier leur inquiétude pour leurs enfants et la crainte de voir un nouveau drame se produire.

Pour la petite ville pavillonnaire de région parisienne, ce type d’horreur n’est souvent vécu qu’au travers des infos ou des émissions spécialisées. « C’est toujours une crainte en réalité. Mais de vivre ça comme cela, ça le rend réel et d’autant plus effrayant », nous confiait Marie-Anne qui vit à quelques encablures du collège.

La peur de ne plus penser à autre chose

« D’habitude on se dit que ça n’arrive que dans des ruelles sombres de la ville, ou dans des villages extrêmement reculés. Nous, on n’est ni l’un ni l’autre. Juste une petite ville d’une banlieue plutôt calme. Ni riche, ni pauvre… », précise-t-elle comme pour expliquer son effarement. Si ses enfants sont devenus adultes sans encombre, elle pense tout de même à tous « les petits » qu’elle voit passer devant sa rue.

C’est le même sentiment qui animait Sylvie ce lundi. Elle n’est pourtant pas Spinolienne, mais vient de Marcoussis, à une dizaine de kilomètres mais est tout de même venue déposer des fleurs pour Louise. « J’ai trois filles âgées de 18, 12 et 9 ans, alors forcément, j’ai été très touchée par ce drame. Je me dis que cela aurait pu arriver à une de mes filles… On s’identifie forcément, et on se dit que cela n’arrive pas qu’aux autres. »

Ses enfants à elle sont encore tous les deux en primaire, à l’école élémentaire Albert-Camus située à un peu mois de 500 mètres du collège André-Maurois, mais Manon* angoisse déjà de devoir les laisser un jour se balader tout seul : « Je pensais qu’en grandissant, je pourrais envisager de les laisser aller à la médiathèque ou au sport avec leurs copains… Aujourd’hui, j’ai envie de pleurer rien que d’y penser et je crains que cette peur ne disparaisse plus jamais. »

« Personne ne va oser laisser [les enfants] s’éloigner un peu »

C’est le même sentiment qui anime Saïd qui habite dans un des lotissements qui jouxte le parc des Templiers, non loin du bois où a été retrouvée Louise… Depuis deux ans, son fils va seul à l’école, en vélo. « C’est terminé maintenant. Jusqu’au lycée, moi ou sa mère, nous l’emmènerons à pied ou en voiture », lance-t-il, presque désolé.

« Je ne crois pas que le monde soit plus dangereux qu’avant. Peut-être simplement qu’on parle plus des choses tragiques. Mais c’est comme les accidents de voiture, ou votre maison qui brûle. Vous savez que ça peut se passer. Mais vous n’en prenez réellement conscience que quand cela vous arrive à vous ou à un voisin. »

Pire, il craint même que le drame n’affecte longuement la ville. Lui dont le fils joue dans la rue avec des voisins avoue n’avoir « parfois qu’un œil » pour le surveiller. « Et c’est pareil pour les voisins. Sauf que maintenant, ça va être la psychose et plus personne ne va oser les laisser jouer ou s’éloigner un peu au parc », explique-t-il en faisant référence à l’aire de jeu qui se situe… dans le parc des Templiers.

« Aujourd’hui, ils ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’il s’est passé. Mais il va falloir leur expliquer les dangers qui existent sans les traumatiser. »