France

Meurtre de Lola : Dahbia Benkired condamnée à perpétuité incompressible

Dahbia Benkired a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour avoir tué, violé et torturé la petite Lola Daviet, 12 ans, en octobre 2022, à Paris. Les jurés ont suivi les réquisitions de l’avocat général en prononçant cette peine suite à un procès qui a duré six journées.

À la cour d’assises de Paris,

Après six journées d’un procès difficile, Dahbia Benkired a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Cette Algérienne de 27 ans a été déclarée coupable, vendredi après-midi, d’avoir tué, violé et torturé la petite Lola Daviet, 12 ans, en octobre 2022, à Paris. À l’annonce du verdict, l’accusée est restée impassible. En fin de matinée, la jeune femme, portant un tee-shirt blanc et un gilet noir, a été invitée à s’exprimer pour la dernière fois devant la cour d’assises. D’une voix monotone, elle a demandé « le pardon » pour ce crime qui a profondément choqué le pays. « C’est horrible ce que j’ai fait », a-t-elle ajouté.

Juste avant cela, son avocat avait tenté de persuader les jurés de ne pas infliger cette peine maximale. Cette dernière n’avait été prononcée que quatre fois pour des meurtres d’enfants accompagnés de viols ou tortures depuis sa mise en place en 1994, et jamais contre une femme jusqu’ici. Compte tenu des faits, que la jeune femme a en grande partie reconnus, la marge de manœuvre de Me Alexandre Valois était très limitée.

« Facteurs multiples »

« Dahbia Benkired est coupable, de meurtre, de viol, cela fait d’elle une criminelle. Elle n’est pas coupable d’acte de torture et de barbarie », a-t-il expliqué lors de sa plaidoirie qui a duré presque deux heures. « Pourquoi ajouter de l’horreur à l’horreur ? » Selon lui, Lola était déjà inconsciente lorsqu’elle a subi 38 coups de couteau, et donc incapable de ressentir de la douleur. « Il faut un élément matériel, c’est la souffrance. Et un élément intentionnel, c’est la volonté de l’auteur d’infliger cette souffrance. Or, en situation d’asphyxie, il y a une perte de conscience avant la mort ; donc on ne ressent plus rien. Par conséquent, l’élément matériel n’existe pas. L’élément intentionnel non plus puisque Dahbia voit un corps inerte, elle ne suppose pas que Lola est encore vivante. »

L’avocat de la défense a également évoqué le parcours de vie de Dahbia Benkired, qu’il a qualifié de « l’errance d’une âme méprisée ». Il a affirmé qu’elle avait été victime de violences « physiques », « sexuelles » et « psychologiques ». « Elle n’est pas coupable de son existence, pas coupable de son exploitation sexuelle, de sa déshumanisation, de ce qu’elle a subi dans son enfance. » Son passage à l’acte ne serait que la somme de « facteurs multiples ». « Il y a certainement un trauma ancien et enfoui » qui a resurgi le jour des faits, amplifié par une « surconsommation de toxiques ».

Une « relation déshumanisante »

« Le détonateur » aurait été les messages humiliants envoyés par son ex-compagnon, dont elle se dit toujours amoureuse. Me Valois estime qu’elle traînait avec lui une « relation déshumanisante » qui l’a « rendue folle ». Il a déclaré qu’il a « profité de Dahbia Benkired », et « joué avec elle ». « Dahbia envoie finalement à Mustapha : « Viens on fait un gosse ». Elle veut construire quelque chose avec lui. Mais vingt minutes plus tard, il répond non, un refus froid. Et la jalousie de Dahbia va ressortir. »

Avant lui, l’avocat général avait demandé aux jurés de prononcer une « peine d’exclusion sociale destinée à protéger la société de ses membres les plus dangereux ». Une peine sévère, « à la hauteur de la cruauté » du crime, également requise par la famille de Lola. Finalement, les jurés ont suivi ces réquisitions, condamnant Dahbia Benkired à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Leur délibération n’a duré que quatre petites heures.

En entendant le verdict, la mère et le frère de Lola se sont enlacés en pleurant. Me Valois n’a pas précisé si sa cliente envisageait de faire appel du verdict.