Meurtre dans une mosquée du Gard : La colère des proches d’Aboubakar Cissé, « assassiné lâchement »

A l’Assemblée nationale,
Tristesse, colère et peur. Voilà le triptyque des émotions qui ressortent après le meurtre d’Aboubakar Cissé, vendredi dernier, alors qu’il priait dans une mosquée de La Grand-Combe (Gard). Même si le principal suspect nie avoir agi par haine de l’islam, ses motivations ne font aucun doute pour les proches de la victime, réunis à Paris ce mardi à l’initiative de députés de gauche.
En présence de plusieurs députés comme Marine Tondelier (Les Ecologistes), Olivier Faure (Parti socialiste) ou Estelle Youssouffa (UDI), l’oncle et le cousin du jeune Malien de 22 ans ont versé leur incompréhension, leur désarroi, face au drame qui touche leur famille.
Une famille et une communauté meurtries
« On est triste et en colère, Aboubakar n’est pas venu ici [en France] pour se faire tuer. C’était quelqu’un de bien, il était un modèle pour nous tous, un espoir, prêt à aider tout le monde, et il a été assassiné lâchement », s’émeut Djibril Cissé, son oncle. Comme ce dernier, Yoro Cissé, le cousin du jeune originaire du village de Yaguiné, transpercé de 57 coups de couteau, selon Midi Libre, réclame à l’Etat « que Justice soit faite, c’est tout ce qu’on demande ».
Au-delà de la famille Cissé, c’est toute une communauté, et même des communautés, qui sont meurtries. Les musulmans d’une part, mais aussi les Maliens. « Le seul tort d’Aboubakar Cissé, c’est d’avoir été dans une mosquée, c’est d’être musulman », regrette à son tour monsieur Makalou, représentant du Haut Conseil des Maliens de France.
Bruno Retailleau sous le feu des critiques
Mams Yaffa, représentant de la Cefom (Coordination des élus français d’origine malienne), dénonce un « deux poids deux mesures » sur le traitement politique. Beaucoup reprochent en effet le silence de Bruno Retailleau qui a mis deux jours à réagir au meurtre. Le ministre de l’Intérieur n’a, de plus, pas rencontré la famille de la victime et ne s’est pas rendu sur les lieux du crime. Il s’est en revanche rendu à la sous-préfecture d’Alès alors que « la famille aurait aimé que le premier flic de France vienne la voir », estime Mams Yaffa. « Une vie en vaut une autre, il semblerait que monsieur Retailleau l’ait oublié », s’indigne ainsi Aminata Konaté-Boune, membre de l’APS (association pour la promotion de langue et de la culture soninké).
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Tous condamnent un acte islamophobe d’une part, mais aussi terroriste. « Nous avons peur, est-ce que demain il y aura une chasse aux musulmans ? », s’inquiète Aminata Konaté-Boune, faisant état d’un « sentiment d’insécurité » général. « C’est un des nôtres qui a été tué, mais c’est un être humain qui a été tué, parce qu’il croyait en Allah », poursuit-elle. « Comment se fait-il qu’en 2025, dans un pays comme le nôtre, qui revendique haut et fort la démocratie, un noir puisse mourir dans une mosquée ? », interroge, à son tour, Assa Traoré, militante antiraciste et sœur d’Adama Traoré.