Météo : Pourquoi on ne peut pas parler de « vague de froid » cette semaine

Echarpes, gants et gros manteaux seront de sortie cette semaine. Le froid arrive enfin, après un automne particulièrement doux qui a même battu des records de températures sur le mois d’octobre. A partir de jeudi, les températures passent en dessous des moyennes de saison pendant au moins trois jours, avec sur la moitié nord, des maximales entre 2 °C et 7 °C samedi.

« Des valeurs en moyenne trois degrés sous les normales de saison », précise Météo-France sur son site. Pas de quoi parler d’une « vague de froid » pour autant, comme vous avez peut-être pu le voir dans différents articles de presse en début de semaine. C’est un terme météorologique bien précis qui répond à des caractéristiques définies. « Cette semaine, on va davantage parler d’un coup de froid », explique à 20 Minutes Cyrille Duchesne, météorologue à la Chaîne Météo. Le spécialiste nous éclaire sur ce qu’est une vague de froid et pourquoi on en voit de moins en moins.

Qu’est-ce qu’une vague de froid ?

Une vague de froid est un épisode de froid, intense, qui s’étend sur minimum trois jours. « Pour parler d’une vague de froid, il faut des températures de 5 °C en dessous des normales de saison, en plus de trois journées consécutives avec une température moyenne sur l’ensemble du pays à 0,9 °C et au moins une journée à – 2 °C », développe Cyrille Duchesne. Alors les prévisions météo de la semaine ne peuvent pas être résumées à une vague de froid, « on en est loin », insiste le météorologue. François Jobard, météorologue à Météo-France précise sur Twitter qu’une vague de froid « requiert des journées sans dégel dans le Nord et dans l’Est, c’est-à-dire des maximales négatives ».

A l’image de tous les phénomènes météo intenses, la vague de froid peut-être dangereuse pour la santé. En effet, elle est souvent accompagnée d’autres phénomènes comme la neige et le verglas, « qui peuvent affecter gravement la vie quotidienne en interrompant la circulation routière, ferroviaire ou le trafic aérien », rappelle Météo-France.

A quoi faut-il s’attendre cette semaine ?

En milieu de semaine la France connaîtra une baisse des températures incontestable. Le températures seront sur une moyenne de 4/5°C dans le Nord et 7/8°C dans le Sud. Plusieurs villes vont ainsi perdre de nombreux degrés entre ce mardi et samedi. A Lille, par exemple, on passera l’après-midi de 7 °C à 2 °C quatre jours plus tard. Dans le Sud, la différence de température sera beaucoup moins prononcée.

Sur la France métropolitaine, la température moyenne va passer à 2 / 3°C en dessous des normales de saison : « Le retour du froid se confirme pour l’arrivée de l’hiver météorologique ce 1er décembre », résume le site de la Chaîne Météo. Néanmoins, ces niveaux de fraîcheur ne correspondent donc pas à une vague de froid à proprement parler. « Ce n’est pas un grand froid équivalent à une vague de froid, plutôt à un coup de froid », abonde Cyrille Duchesne.

Pourquoi voit-on de moins en moins de vague de froid ?

Si on compare cette période plus fraîche à une vague de froid, c’est qu’on n’a plus tellement l’habitude de connaître de réelles vagues de froid en France. « On a tellement eu de périodes de douceur, notamment avec un automne très doux, c’est plutôt dans le ressenti qu’on va avoir très froid mais c’est simplement un retour classique pour la saison », développe Cyrille Duchesne. Alors forcément, on perd certains repères et dès qu’on a un peu froid, on a l’impression qu’il caille vraiment. On est davantage sensibles aux baisses de températures.

Après les canicules, la sécheresse, les feux de forêt, ce froid est devenu de plus en plus rare est aussi une conséquence du changement climatique. « L’air froid polaire a plus de mal à descendre vers les régions tempérées dont fait partie la France, selon le météorologue. Donc on vit des périodes de froid moins fréquentes et un froid moins intense ». Un graphique partagé par François Jobard met bien en lumière ce constat.

On peut voir dans le graphique une petite vague datant de l’hiver 2015, mais la dernière grosse vague de froid en France date de 2012. Ça fait alors dix ans que la France n’a pas connu un « hiver costaud ». Et s’il est très difficile de faire des prédictions saisonnières sur le long terme, il est très probable qu’à l’avenir, les vagues de froid soient toujours de moins en moins fréquentes et toujours moins intenses.