France

Météo, heure d’hiver : pourquoi les accidents de cyclistes augmentent-ils ?

Selon l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière (ONISR), 221 cyclistes sont décédés ces 12 derniers mois, un chiffre en hausse de 18 % par rapport à l’année 2019. « Il y a proportionnellement plus d’accidents la nuit, insiste Christophe Corbel, et ce, pour l’ensemble des véhicules. »


Un adolescent a été mortellement percuté à vélo dans la Manche, et un homme de 64 ans a également perdu la vie à vélo en Loire-Atlantique. Bien qu’aucune donnée ne révèle une augmentation des accidents chez les cyclistes ces dernières semaines, certains éléments peuvent éclairer les récents drames rapportés dans les médias.

D’après l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière (ONISR), 221 cyclistes ont perdu la vie au cours des 12 derniers mois, ce qui représente une hausse de 18 % par rapport à l’année 2019. Cette augmentation est attribuée à un intérêt croissant pour le vélo ces dernières années. L’observatoire souligne que « les Français montrent un engouement pour l’utilisation de modes de déplacements individuels sur les petits trajets en ville » et « pratiquent les loisirs à vélo en milieu rural ».

Le changement d’heure pourrait également influencer les habitudes des usagers. « Le passage à l’heure d’hiver chamboule les habitudes des cyclistes », signale Christophe Corbel, chargé de mission à la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Il précise qu’un cycliste habitué à rentrer chez lui peut être surpris de finir son trajet dans la pénombre sans avoir préparé son équipement lumineux. Chaque année, à l’occasion du changement d’heure, la campagne de prévention « Cyclistes brillez ! » est mise en avant par la fédération.

Christophe Corbel souligne qu’« il y a proportionnellement plus d’accidents la nuit, et ce, pour l’ensemble des véhicules ». Selon la FUB, près de 80 % des cyclistes seraient pourtant équipés pour « être vus » grâce à des gilets phosphorescents, des lumières et des bandeaux lumineux. « Aux heures de pointe, on observe une majorité de cyclistes arborer leur casque et leur gilet », indique-t-il, notant qu’entre 2018 et 2025, le pourcentage de cyclistes éclairés passerait de 37 % à 83 %. Les nouveaux modèles de vélos électriques, qui incluent souvent des éclairages automatiques, contribuent également à réduire la « charge mentale liée à l’équipement des vélos ».

En dehors des zones urbaines, les accidents sont plus fréquents. Les zones urbaines sont en effet considérées comme moins propices aux accidents, car « un automobiliste est plus vigilant en ville lorsqu’une masse de cyclistes éclairés circule », prévient l’expert. En zone rurale, un cycliste est plus susceptible de se retrouver seul, ce qui le rend plus vulnérable, car il est moins visible et moins attendu. De plus, ces zones sont souvent dépourvues d’aménagements adaptés pour les cyclistes, comme le fait remarquer Alexis Groussin, secrétaire de l’association Place aux vélos à Nantes. « Avant de parler d’éclairage, on pose la question de savoir si le cycliste accidenté se trouvait dans une zone à aménagements sécurisés », souligne-t-il. Il rappelle que les réseaux sécurisés, comme les pistes cyclables séparées ou les rues à trafic limité, réduisent considérablement le nombre d’accidents à vélo.

Enfin, la météo joue un rôle clé dans l’accidentologie. En hiver, le verglas peut accroître les risques d’accidents pour les piétons et les cyclistes. « Le brouillard ou une voirie glissante peuvent provoquer des accidents, mais cela ne signifie pas que le risque est inexistant en été, où les chaussées peuvent également être mouillées », prévient Christophe Corbel.