Mesrine, Faïd, Vaujour… Avec Ferrara, qui sont les autres « rois de l’évasion » ?
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Par les airs, les armes, dans un carton ou même… gentiment par la grande porte. Les prisonniers ne manquent pas d’imagination lorsqu’il s’agit de s’échapper. Arrêté jeudi en Belgique, Antonio Ferrara y est parvenu à deux reprises, en 1998 et 2003. Ce qui lui a valu le surnom de « roi de l’évasion ». Comme d’autres. 20 Minutes en a sélectionné quelques-uns.
Le plus célèbre, Jacques Mesrine
Comment ne pas penser d’emblée à lui dans cette liste ? L’ex-ennemi public n°1 s’est « fait la belle » à trois reprises. Deux fois au Canada, dont celle de 1972 depuis le pénitencier de haute sécurité de Saint-Vincent-de-Paul. Là, profitant des rondes de sécurité moins fréquentes les week-ends, il crée une brèche et utilise une échelle de peintre pour passer les murs d’enceinte. Au total, ils sont cinq détenus à s’enfuir. Jacques Mesrine ose même revenir une quinzaine de jours plus tard, afin d’en libérer d’autres mais une fusillade éclate et il fuit.
Il sera repris en France l’année suivante… avant de s’échapper de nouveau en 1978, cette fois de la prison de la Santé. Avec deux complices, ils récupèrent des armes, se déguisent en gardiens et empruntent encore une échelle pour prendre le large. Mais l’alerte est donnée et un des trois fuyards est abattu. Pas Mesrine, qui le sera finalement en novembre 1979.
Les plus spectaculaires, Vaujour et Payet
« C’est comme au cinéma, c’est comme dans les films américains, mais la réalité dépasse la fiction ». Voilà comment, sur Antenne 2 en mai 1986, le présentateur du journal avait résumé l’évasion de Michel Vaujour. Le braqueur, alors condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle, s’était enfui… par hélicoptère. Il avait escaladé les murs jusqu’au toit avant, tout simplement, de monter dans l’enfin piloté par sa compagne Nadine.
Un véritable spécialiste de l’évasion, lui qui avait aussi réussi son coup à Châlons-en-Champagne en 1973 puis en 1979. D’abord en reproduisant la clé de sa cellule grâce à la cire qui entoure les fromages « Babybel », puis en prenant en otage une juge d’instruction avec… un pistolet en savon noirci au cirage !
En 2007, à la prison de Grasse, c’est aussi le scénario par les airs qu’a privilégié Pascal Payet. Quatre complices avaient réservé un baptême de l’air, posé l’hélicoptère sur le toit du pénitencier, découpé une porte à la disqueuse avant de le libérer.
Les plus explosifs, Rédoine Faïd et… Antonio Ferrara
Ces évasions-là ont causé de gros dégâts. Arrêté jeudi, Antonio Ferrara peut en témoigner. En 2003 à la prison de Fresnes, il est aidé par une douzaine de complices lourdement armés. Le commando s’attaque aux portes blindées avec des explosifs et utilise des fusils d’assauts face aux gardes. Le détenu fait lui aussi sauter les grilles de sa cellule avant d’être récupéré et libéré. Sa deuxième évasion après celle de 1998, lorsqu’il avait profité d’un voyage à l’hôpital.
Rédoine Faïd, lui, agit seul en 2013 au centre pénitentiaire de Sequedin, près de Lille. Il s’en prend d’abord aux gardiens avec un pistolet avant de disposer des explosifs sur des portes. Puis de les faire exploser une à une, avant de partir avec des otages.
Plus récemment, Mohamed Amra, qui vient d’être de nouveau arrêté, a lui aussi été libéré de manière brutale. Cela s’était passé au péage d’Incarville quand un commando avait attaqué son convoi. Deux agents pénitentiaires étaient morts sur le coup.
Les plus calmes, trois Corses
Oui, il est possible de sortir de prison par la grande porte et sans menacer personne. En juin 2001, Francis Mariani, Pierre-Marie Santucci et Maurice Costa y sont parvenus à Borgo (Haute-Corse). Leur stratagème ? Un fax envoyé par un complice. « Mandons au directeur de la maison d’arrêt de Borgo de rayer sur son registre l’écrou de ladite personne et de la mettre, sur-le-champ, en liberté, si elle n’est pas détenue pour autre cause », était-il écrit. Les autorités y ont cru et ont laissé sortir les trois membres de ce gang corse de La Brise de mer. Au revoir et merci !
Le plus inaperçu, Jean-Pierre Treiber
En 2009 à Auxerre, Jean-Pierre Treiber s’évade dans un camion, précisément caché dans un carton. L’assassin présumé de deux femmes avait spécialement préparé ce contenant alors qu’il travaillait à l’atelier de la prison de l’Yonne. Il s’était ensuite glissé dedans et était passé inaperçu. « J’ai posé le carton sur cette palette et il ne m’a pas semblé anormal », avait raconté la cariste qui l’a déchargé à France 2. Jean-Pierre Treiber est arrêté plusieurs mois plus tard, avant de se suicider dans sa cellule en février 2010.