France

Mégabassines : La LPO propose un « référendum local », sur le modèle des votations citoyennes suisses

De la démocratie locale pour trouver une issue à la problématique des très controversées réserves géantes d’eau. L’association environnementale LPO a proposé mardi de suspendre les projets de retenues d’eau pour l’irrigation agricole et d’organiser un référendum local pour sortir de l’impasse autour de celle de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), après les violents affrontements samedi lors d’une manifestation contre ce type de mégabassine.

« Notre association propose que soit organisé un référendum local, par exemple à l’échelle de la grande région Nouvelle-Aquitaine, comme le prévoit notre constitution », écrit la Ligue de protection des Oiseaux (LPO) dans une tribune publiée en ligne par L’Obs.

« Inspirons-nous des votations citoyennes suisses, où les taux de participation sont très élevés », encouragent Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, et son directeur général Matthieu Orphelin, ancien député ayant un temps appartenu à la majorité présidentielle avant de s’en éloigner.

A l’origine de cette proposition : la contestation autour de la bassine de Sainte-Soline, au cœur d’une bataille de l’eau entre agriculteurs et une cinquantaine d’associations environnementales, d’organisations syndicales et de groupes anticapitalistes, qui dénoncent un « accaparement de l’eau » puisée dans les nappes phréatiques.

Une piste évoquée par Hollande après la mort de Rémi Fraisse

Samedi, le rassemblement sur ce site, qui a attiré entre 6.000 et 30.000 personnes, a mené à de violents affrontements entre policiers et manifestants, dont deux sont entre la vie et la mort. Concernant Sainte-Soline « notre association ne pense pas que les bassines, surtout les projets actuels, constituent la solution satisfaisante pour nos agriculteurs et notre pays », estime la LPO, qui est « prête » cependant à s’engager dans « un débat démocratique ».

Allain Bougrain-Dubourg et Matthieu Orphelin rappellent que l’ex- président François Hollande avait évoqué la piste du référendum local en novembre 2014, quelques semaines après la mort d’un militant écologiste, Rémi Fraisse, lors d’affrontements entre les gendarmes et des opposants au barrage de Sivens (Tarn).

En Suisse, « chaque électeur reçoit chez lui un petit livret ou sont détaillés, d’une manière neutre, les enjeux sur la question posée », détaille la LPO, « la Commission nationale du débat public (CNDP) pourrait s’en charger » dans une version française.

Corps intermédiaires, partis politiques et experts associés

Ensuite, « chaque parti politique représentatif, mais aussi chaque corps intermédiaire concerné, y exposerait sa position » et « les experts ayant participé aux travaux du GIEC et de l’IBPES (les experts climat de l’ONU et leurs homologues pour la biodiversité) éclaireraient le débat à travers les évaluations scientifiques », ajoutent les auteurs.

Au lieu d’un classique vote pour ou contre, la LPO propose des « réponses graduées » qui pourraient inclure « des options intermédiaires (par exemple avec des conditions fortes sur le changement de modèle agricole, la réduction de l’usage des pesticides, la cohérence avec le projet de territoire, etc.) ».

Par ailleurs, la LPO propose « de mettre en pause pour quelques mois les projets conflictuels » similaires, ce qui permettrait « de laisser le temps des conclusions aux nombreux recours juridiques encore en cours ».