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Méga bassines à Sainte-Soline : Blessés, réactions… L’essentiel sur la manifestation qui a tourné au chaos

Après une semaine de tensions chaque soir dans les grandes villes et un jeudi de mobilisation agité, manifestants et forces de l’ordre se sont retrouvés samedi à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, sur le chantier d’une méga bassine. La manifestation a rapidement tourné à l’affrontement et au chaos, entre 6.000 (selon les autorités) à 30.000 manifestants (selon les organisateurs) d’un côté et 3.000 gendarmes et policiers de l’autre. 20 Minutes vous résume ce qu’il faut retenir de cette journée.

Le film des heurts

Au sein des manifestants, rassemblés par le collectif d’associations « Bassines non merci », le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne, les autorités ont dénoncé la présence « d’au moins un millier d’activistes violents », « prêts à en découdre ». Le début de la manifestation a pourtant été très calme, mais la tête du cortège a essuyé des tirs de grenades lacrymogènes à l’approche de la méga bassine. C’est là que le chaos commence. Une bonne partie du cortège s’est dispersée pour essayer de fuir les gaz au milieu des policiers filant à toute allure à travers champs en quad, tandis que des camions de gendarmerie brûlaient à proximité.

Les manifestants ont fait usage « de mortiers d’artifices, de chandelles romaines et de cocktails molotov de forte contenance » parmi d’autres projectiles, selon la gendarmerie qui a riposté avec 4.000 grenades de gaz lacrymogènes et de désencerclement. Les policiers ont également fait usage de LBD, notamment lorsqu’ils se déplaçaient en quad. Une vidéo montre d’ailleurs un policier, passager d’un quad qui circule rapidement, effectuer un tir tendu sans pouvoir viser.

Le bilan chiffré

Selon un dernier décompte fourni par le parquet de Niort, les secours ont pris en charge sept manifestants blessés, dont trois traités en urgence absolue et hospitalisés. Les organisateurs évoquent, eux, un bilan beaucoup plus lourd, avec 200 manifestants blessés, dont 40 grièvement. L’un d’entre eux restait en réanimation dimanche avec pronostic vital engagé, information non confirmée par les autorités.

En face, 28 gendarmes ont été blessés, dont deux hospitalisés en urgence absolue. Deux journalistes ont aussi été touchés. Aucune interpellation n’a pu être réalisée durant la manifestation, selon le parquet. Onze personnes avaient été interpellées en amont lors de contrôles qui ont permis la saisie de nombreuses armes.

Polémique sur l’accès des secours aux blessés

Si le décompte des blessés diffère autant d’un camp à l’autre, c’est peut-être parce que tous les blessés n’ont pas pu être pris en charge aisément. Présente au sein du cortège avec d’autres élus EELV et LFI, la secrétaire nationale d’EELV Marine Tondelier a indiqué avoir formé un « cordon » pour protéger les blessés en attendant l’arrivée des secours. Mais ce même « cordon » aux écharpes tricolores a été ciblé par la police et le SAMU a été empêché d’intervenir selon la Ligue des Droits de l’Homme, qui avait envoyé des observateurs sur place.

Ces observateurs ont fait état de « plusieurs cas d’entraves au secours » de la part des forces de l’ordre, sur lesquelles ils rendront un rapport. « Les observations faites sont bien éloignées des discours officiels sur la violence des manifestants », a indiqué dimanche le comité régional Poitou-Charentes de la LDH.

Dans un échange verbal sur Twitter avec la secrétaire nationale d’EELV, la préfecture des Deux-Sèvres a indiqué que des gendarmes avaient été attaqués « lors de l’évacuation des blessés », et que les élus n’étaient identifiés sur la zone. Ce que démentent plusieurs vidéos et témoignages, y compris de journalistes présents sur place. Une vidéo montre notamment un journaliste blessé par l’explosion d’une grenade de désencerclement être évacué par des militants.

Les réactions politiques

Outre l’échange virulent entre Marine Tondelier, présente sur place et appuyée par d’autres élus, et la préfecture des Deux-Sèvres, une partie de la classe politique a aussi réagi à cette journée de violences. « Assez de violences policières à #SainteSoline ! Assez ! Sans les BRAV-M, sans ce cirque, il ne se passerait absolument rien d’autre qu’une marche dans les champs ! », a réagi sur Twitter le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

« Ce déchaînement de violence est absolument inexcusable », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin lors d’un point presse place Beauvau, l’attribuant « aux blacks bloc, aux gens de l’extrême gauche, aux gens de l’ultragauche ». « Soutien aux gendarmes et pompiers (…) face à un déferlement de violence intolérable à Sainte-Soline », a écrit sur Twitter Élisabeth Borne, dénonçant « des actes inacceptables » et « l’irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent ces agissements ».

Les réactions des manifestants

Le gouvernement a déployé « une opération de répression massive », ont accusé dimanche les organisateurs de la manifestation. « On a assisté à des scènes de guerre » qui illustrent « une dérive violente de l’Etat », a lancé lors d’une conférence de presse l’eurodéputé EELV Benoît Biteau. « Ce sont les forces de l’ordre qui ont tiré en premier pour tenir à l’écart » les manifestants, a affirmé Benoît Biteau aux côtés de représentants du syndicat agricole Confédération paysanne, du collectif Bassines non merci et du mouvement des Soulèvements de la Terre. Comme la secrétaire nationale d’EELV la veille, Marine Tondelier, ils ont dénoncé l’intervention d’un « escadron de quads » à l’encontre d’élus qui protégeaient des blessés.