France

Marseille : Trente ans de réclusion pour un double assassinat lié à la guerre des gangs

La cour d’assises des Bouches-du-Rhône a reconnu coupables Mohamed Seghier et Christopher Aouni du double assassinat de Nouri Lakas et Nasser Khellaf, tués le 4 février 2016, et a prononcé des peines respectives de réclusion criminelle à perpétuité et de trente ans de réclusion criminelle. Christopher Aouni doit encore comparaître en 2026 devant trois cours d’assises pour deux autres assassinats et une tentative d’assassinat.


La cour d’assises des Bouches-du-Rhône a prononcé vendredi un verdict sévère dans une affaire emblématique de la guerre des gangs à Marseille. Mohamed Seghier et Christopher Aouni ont été reconnus coupables du double homicide de Nouri Lakas et Nasser Khellaf, abattus le 4 février 2016 sur le parking d’un centre commercial. Malgré leurs dénégations, les jurés ont adhéré aux réquisitions de l’avocate générale.

Mohamed Seghier, cadre de la bande criminelle de Marignane, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans. Il a également été reconnu coupable de détention d’armes découvertes dans un box à Aix-en-Provence. Déjà condamné à trente ans de réclusion pour l’assassinat en 2014 de Karim Tir, ancien manager du rappeur Jul, il a admis son appartenance au groupe de Marignane tout en précisant : « Ce sont mes amis, mes collègues mais je ne faisais pas les mêmes choses qu’eux. » Face aux jurés, il a maintenu son innocence : « Je n’ai pas tué Nouri Lakas et son collègue… Je n’ai pas de sang sur les mains. » Avant le délibéré, il a lancé : « S’il vous plaît, je ne suis pas un monstre. »

Christopher Aouni a été condamné à trente ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de deux tiers de sa peine. Ses avocats ont critiqué une construction accusatoire qu’ils estiment basée sur « des éléments de téléphonie erronés » et des « analyses faussées ». Ils ont rappelé que leur client avait été acquitté en février 2024 dans une autre affaire d’assassinat. Néanmoins, l’accusation dépeignait un « tueur à gages froid qui ne tremble pas quand il tue », une représentation que la défense a vigoureusement contestée.

Ce double homicide s’inscrit dans une vendetta violente entre plusieurs clans marseillais, où les familles Tir et Berrebouh s’opposent à la famille Remadnia, en alliance avec la bande de Marignane, depuis 2010. Les avocats de Mohamed Seghier et Christopher Aouni ont tous deux mis en avant le doute quant à la participation de leurs clients au commando ayant ouvert le feu sur les deux victimes. Toutefois, cette affaire ne clôt pas les procédures pour Christopher Aouni : il doit encore se présenter en 2026 devant trois cours d’assises pour deux autres assassinats et une tentative d’assassinat.