Marseille : Six mois de prison avec sursis requis contre un imam pour apologie du terrorisme

Le tribunal correctionnel de Marseille a examiné mardi le cas de Smaïn Bendjilali, plus connu sous le nom d’imam Ismail. Ce religieux de 43 ans, très suivi sur les réseaux sociaux, est poursuivi pour apologie du terrorisme, après avoir republié deux contenus polémiques sur X (ex-Twitter) en lien avec le conflit entre Israël et le Hamas.
Dans un premier message diffusé en juillet 2024, l’imam suivi par quelque 10.800 personnes sur X, a repartagé une vidéo accompagnée d’un commentaire qualifiant de « légitime » l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a fait plus de 1.200 morts côté israélien. Dans une seconde publication, il comparait l’armée israélienne à l’organisation terroriste Daech, écrivant : « Daech à côté, ce sont des enfants de chœur. »
« Relayer une information, ce n’est pas forcément y adhérer »
Face au tribunal, l’imam a nié toute intention apologétique : « Relayer une information, ce n’est pas forcément y adhérer », a-t-il déclaré. Il a également affirmé n’avoir jamais soutenu Daech, rappelant qu’aucun départ vers la Syrie n’a été signalé dans sa mosquée, où il officie depuis quinze ans.
La procureure Audrey Jouaneton, elle, a jugé les faits caractérisés. « Lorsqu’on relaie de telles informations, on participe et on adhère à cette idée-là », a-t-elle soutenu, insistant sur le fait que l’imam « n’est pas une personne lambda ». Elle a requis six mois de prison avec sursis, assortis de plusieurs peines complémentaires : bannissement de X (ex-Twitter) pendant six mois, interdiction d’exercer dans sa mosquée des Bleuets, interdiction des droits civiques pendant cinq ans, et inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait) pour cinq ans. « On est là pour le liquider socialement parce qu’on ne peut pas l’expulser », a répondu Me Sefen Guez Guez, l’un des avocats de l’imam, plaidant la relaxe.
Une figure controversée, mais soutenue
L’audience, très suivie, a vu l’imam arriver appuyé sur des béquilles, entouré de nombreux fidèles. Des figures religieuses, dont le rabbin marseillais Haïm Bendao, ont témoigné en sa faveur, saluant son engagement pour le vivre-ensemble.
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L’affaire s’inscrit dans un contexte tendu : en 2024, le préfet de police des Bouches-du-Rhône avait envisagé la fermeture de sa mosquée, à la demande du ministère de l’Intérieur, en raison de ses propos publics. L’imam avait alors temporairement pris du recul et supprimé ses publications. Le jugement a été mis en délibéré. Le verdict sera rendu le 30 mai à 8h30.