France

Marseille : Le mystère demeure autour du tas d’abeilles retrouvées mortes dans un parc

La subite hécatombe reste pour l’heure inexpliquée. Fin février, un tapis de plusieurs centaines, voire milliers, d’abeilles mortes jonchant un parterre de buisson d’un parc de Marseille était retrouvé par Clean My Calanque, une association de ramassage de déchets. Une découverte inhabituelle qui tranchait avec les habituels plastiques, canettes et autres emballages et piquait la curiosité de l’association. « Nous avions prélevé quelques spécimens pour les envoyer à un laboratoire », raconté alors Eric Akopian. « Leurs résultats ont exclu la piste de la contamination ou des pesticides », revient-il un mois plus tard. « Des apiculteurs ont évoqué le gel ou un virus ». Mais il n’avait pas vraiment froid en cette période et la ruche ne se trouvait pas à proximité. Et si un virus avait sévi, pourquoi ces abeilles seraient-elles toutes mortes au même endroit ?

Une anecdote qui laisse également perplexe Aurore Avargues-Weber, chercheuse en éthologie cognitive et spécialiste des abeilles au CNRS. « Cet aspect très localisé est étonnant. Il pourrait s’agir d’une intoxication alimentaire, mais il aurait fallu que ce soit vraiment foudroyant », avance-t-elle. De même, si la dose de pesticide avait été trop basse pour être détectée en laboratoire « les abeilles ne seraient pas toutes mortes au même endroit, elles auraient été désorientées et éparpillées ».

Finalement l’explication pourrait être toute bête et convenir finalement à une certaine tendance marseillaise de se débarrasser d’encombrants un peu n’importe où. « Peut-être qu’une personne les a simplement déposées là après avoir tué les abeilles d’une ruche qui se serait établie chez elle. Et dans ce cas, elle aurait employé un spray insecticide pour particulier qui n’est pas composé des mêmes molécules que les pesticides et n’aurait pas été détecté à l’analyse », propose la chercheuse.

Son collègue Martin Giurfa a une autre idée séduisante et cohérente : « On peut imaginer qu’il s’agissait d’une colonie sauvage dont la ruche a été détruite par la coupe d’un arbre. Cela peut-être aussi un vieux meuble et qui finalement a été ramassé. Toujours est-il que sans leur ruche, en février, ces abeilles, qui gardent leur ruche à une température constante de 33-34°C, se sont regroupées pour tenter de passer la nuit mais sont mortes de froid », imagine-t-il. Une explication vraisemblable pour une histoire dont nous n’aurons probablement jamais le fin mot. Reste que derrière cela « il y a sans aucun doute la main de l’homme », conclut Martin Giufra.