Marine Le Pen condamnée : Qu’est-ce qui motive l’immédiateté de la peine d’inéligibilité ?

Coup de tonnerre dans la vie politique française. Reconnue coupable détournement de fonds publics, Marine Le Pen ne pourra pas se présenter en 2027 à la présidentielle. Malgré la possibilité de faire appel de sa condamnation à l’inéligibilité pour cinq ans, la peine est appliquée immédiatement. Si une partie de la classe politique, dont le Rassemblement national, hurle à la « mise à mort politique » de la cheffe de file du parti, la décision de justice est motivée.
Risque de récidive et de trouble à l’ordre public
« Le tribunal a pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait que soit candidate à l’élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance », a déclaré la présidente Bénédicte de Perthuis pour justifier la peine d’inéligibilité immédiate.
Le prononcé d’une peine d’inéligibilité « apparaît nécessaire », a justifié la présidente du tribunal, soulignant la « gravité des faits ». Elle a mis en avant « leur nature systématique », « leur durée », le « montant des fonds détournés » (le préjudice total est estimé à 4,1 millions d’euros), mais aussi « la qualité d’élu » des personnes condamnées, et « l’atteinte portée à la confiance publique et aux règles du jeu démocratique ».
Un « système » de « tromperie »
Au terme de près de deux heures de lecture du jugement, le tribunal a considéré qu’un « système », « centralisé, optimisé » avait bien été mis en place pour permettre au Rassemblement national (ex-Front national) de faire « des économies » en payant, entre 2004-2016, des assistants parlementaires « fictifs » qui travaillaient en réalité pour le parti.
Evoquant une « double tromperie », à l’égard du Parlement européen et des électeurs, la présidente a souligné que le « système » mis en place équivalait à un « contournement des règles des partis politiques et du fonctionnement démocratique ».
Marine Le Pen au cœur
Cette dernière était « au cœur de ce système », encore plus quand elle a pris la suite de Jean-Marie Le Pen à la tête du parti à partir de 2011. « Elle s’est inscrite avec autorité et détermination dans le fonctionnement instauré par son père » dès 2004, a estimé le tribunal.
« Que les choses soient claires », avait commencé la présidente, « personne n’est jugé pour avoir fait de la politique, ce n’est pas le sujet. La question, c’était de savoir si les contrats ont reçu une exécution ou pas ». Il n’y a pas eu d’« enrichissement personnel » mais « il y a bien un enrichissement du parti », a martelé la présidente, notant aussi que les salaires octroyés aux assistants parlementaires étaient plus « confortables » que ce que le parti aurait pu se permettre.
Notre dossier sur Marine Le Pen
Marine Le Pen a par ailleurs été condamnée à quatre ans de prison, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique, et à une amende de 100.000 euros. La peine sera de toute façon suspendue si elle fait appel du jugement, l’exécution immédiate ne s’appliquant que pour l’inéligibilité.