Marine Le Pen condamnée : Dans quels scénarios la patronne du RN pourrait quand même être candidate à la présidentielle ?

Le Rassemblement national a lancé sa contre-offensive après la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Le parti a annoncé le lancement d’une pétition de soutien, et un meeting aura lieu dimanche à Paris pour sa triple candidate à la présidentielle. « On ne se laissera pas faire. Quand on est innocent, on va jusqu’au bout », souffle un député proche de l’intéressé.
La cheffe de file du RN n’a ainsi pas renoncé à ses ambitions pour 2027. « Je vais mener les voies de recours que je peux : il y a un petit chemin, il est certes étroit, mais il existe », a-t-elle estimé. Mais dans quels scénarios exactement la députée du Pas-de-Calais pourrait-elle participer à la prochaine présidentielle ? On fait le point.
La relaxe en appel
C’est le cas de figure le plus simple pour Marine Le Pen. La cour d’appel de Paris a indiqué mardi soir, dans un communiqué inédit par sa rapidité, qu’elle examinerait le dossier « dans des délais qui devraient permettre de rendre une décision à l’été 2026 ». Une célérité plutôt inhabituelle (l’appel prend habituellement près de deux ans) et une bonne nouvelle pour l’intéressée, puisque son sort en appel pourra être tranché plusieurs mois avant la présidentielle prévue au printemps 2027.
En cas de relaxe, Marine Le Pen n’aurait aucun problème pour être la candidate de son camp une quatrième fois à l’échéance suprême.
Une condamnation moins lourde
En appel, Marine Le Pen pourrait être condamnée pour détournement de fonds publics comme ce lundi, mais les juges pourraient décider de rendre un jugement plus clément qu’en première instance. Marine Le Pen pourrait, par exemple, recevoir une peine d’inéligibilité d’un an (au lieu de cinq).
Dans ce cas précis, la cheffe du RN aura bien la possibilité être candidate en avril 2027, puisqu’elle aurait déjà effectué sa peine d’inéligibilité, qui a débuté ce 31 mars 2025.
Un pourvoi en cassation
Rien ne garantit que la cour d’appel rende une décision différente de celle de lundi. Si Marine Le Pen était condamnée comme en première instance (cinq ans d’inéligibilité), ou avec une peine d’inéligibilité qui l’empêche de se présenter à la présidentielle, elle pourrait toutefois se pourvoir en cassation (pour éventuellement annuler une décision judiciaire en cas d’erreur sur la forme).
En matière pénale, le pourvoi en cassation est suspensif (la peine serait alors levée), même s’il existe une incertitude juridique sur le cas d’une exécution provisoire en première instance. D’après le Canard Enchaîné, l’inéligibilité pourrait ainsi être maintenue, évoquant des décisions passées. Mais une source judiciaire contactée par 20 Minutes appelle à la prudence : « Il s’agissait de peines de sursis probatoire, ce n’est pas le cas de figure de Marine Le Pen. La jurisprudence se construit au cas par cas ».
Quoi qu’il en soit, la cour de Cassation devrait pouvoir se prononcer avant la présidentielle. « La moyenne est de moins d’un an, ça peut être entre six et huit mois », poursuit avec prudence cette source. Cela correspondrait à une décision rendue entre janvier et mars 2027, en pleine campagne présidentielle.
Une (improbable) grâce présidentielle
Certains députés RN ont évoqué l’idée d’une grâce présidentielle que pourrait accorder Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a en effet le pouvoir de gracier la totalité ou une partie de la peine d’une personne condamnée, sans avoir à justifier sa décision. Mais cette question ne pourrait être posée qu’à partir du moment où la condamnation de Marine Le Pen est définitive, c’est-à-dire une fois tous les recours passés. Par ailleurs, si cette hypothèse existe, elle reste politiquement très improbable.