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Marathon de Paris : Un rein et une partie de poumon en moins, Josélito court contre son cancer

A Chartres (Eure-et-Loir),

Il court avec un rein et une partie de poumon en moins mais il a « le cœur d’un sportif de haut niveau », le diagnostic est de son médecin. Et il a même l’énergie d’un jeune homme, bien qu’il ait 53 ans. Tout sourire, Josélito Felicioni-Levoye annonce se lancer dans un défi fou, celui de réaliser dix courses en une année : « Dix courses parce que cela fait dix ans qu’on m’a annoncé que j’avais un cancer. Et j’ai appris lors de mon dernier examen que j’étais officiellement en rémission. Alors, ça se fête ! » Il sera sur la ligne de départ ce dimanche pour le marathon de Paris : ce sera la troisième étape de son périple qu’il mènera entre la France et l’Italie, son pays d’origine.

Josélito est préparé pour ce grand défi et des kilomètres, il en a déjà avalés. « J’ai fait le marathon de Rome le 19 mars, et comment dire… L’hymne italien, le Colisée, en fait, c’était Disneyland ! », se remémore-t-il fièrement dans sa chambre, à Chartres, décorée de ses multiples médailles et de ses dossards qu’il n’ose même plus compter. Depuis son cancer au rein diagnostiqué en 2013, la course est devenue sa véritable passion, « une échappatoire ». Sa rechute au poumon en 2017 n’a pas atténué son plaisir de courir dans les forêts d’Eure-et-Loir où il s’entraîne tous les dimanches.

Dans sa maison, à Chartres, Josélito a redécoré sa chambre avec dossards et médailles.
Dans sa maison, à Chartres, Josélito a redécoré sa chambre avec dossards et médailles. – Nina Aïssaoui / 20 Minutes

« J’étais passionné par le foot mais je n’aimais tellement pas courir, que j’ai fini gardien de but ! », se rappelle avec amusement ce supporteur de la Juve… et de l’Italie contre la France en 2006. Personne n’est parfait. Josélito a toujours le sourire, la positive attitude, et il ne se fait pas prier pour montrer son maillot rose flashy, aux couleurs de son association Les flammes en rose, qu’il affiche comme un gamin qui aurait reçu sa première tenue de foot.

Le sport, « médicament le plus efficace du monde contre la maladie »

Plus jeune, il ne faisait pas les efforts sur le terrain, mais courir est devenu « synonyme de liberté » pendant sa maladie. « Quand je franchis la ligne d’arrivée, je pleure parce que c’est un soulagement, une victoire contre le cancer. Je reprends l’avantage sur lui et je suis là, bien vivant », déclare-t-il. Pendant les longues bornes qu’il parcourt, il confie penser à des proches partis trop tôt, à commencer par sa mère, décédée en 1995 du même cancer dont il était atteint. C’est son « supplément d’âme », celui qui le rend inarrêtable dans les kilomètres les plus difficiles.

Le secret de ce bon vivant n’a rien de surprenant. Une hygiène de vie irréprochable : pas de cigarette, alcool avec modération et du sport. Gourmand, son plaisir après sa journée de travail à Paris, dans une grande société horlogère, c’est cuisiner italien : osso bucco, foccacia, lasagne, tiramisu. Et tout ça, avec des produits 100 % bio. « Depuis toujours, j’ai cette vie saine. Je n’ai pas compris pourquoi cinq ans après mon cancer du rein, j’ai eu une métastase au poumon, raconte-t-il. Mon oncologue m’a expliqué que le sport et le running en particulier faisaient ralentir leur croissance. Il m’a dit que si je n’avais pas couru, le cancer aurait repointé le bout de son nez beaucoup plus tôt ».

Infatigable, Josélito met un point d’honneur à répéter l’importance de faire du sport pour la santé : « C’est le médicament le plus efficace du monde contre la maladie. J’en suis l’exemple vivant ! » On feint l’étonnement quand il confie courir avec le morceau Survivor de Muse dans les oreilles, les paroles sont clairement significatives pour le marathonien : « Race, life’s a race. And I am gonna win. Yes, I am gonna win. » Sa victoire au marathon de Paris, pour lui, ce serait bien évidemment de franchir la ligne d’arrivée, sous les cinq heures si possible, pour prendre encore un peu plus l’avantage sur la maladie.