France

Manif contre les « méga-bassines » : La plainte d’une députée écologiste pour « violences » classée sans suite

La plainte de la députée écologiste Lisa Belluco, a été classée sans suite, a annoncé le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc. La députée de la première circonscription de la Vienne avait déposé plainte pour des violences des forces de l’ordre à son encontre lors de la manifestation contre les « méga-bassines » du 29 octobre dernier à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

Au terme des investigations, « il apparaît que l’usage des armes dont se plaint madame Lisa Belluco peut être considéré comme absolument nécessaire, progressif (usage de grenades lacrymogènes, bouclier puis Tonfa qui est qualifié « d’arme intermédiaire ») et proportionné en ce qu’il n’a d’ailleurs pas entraîné de conséquences physiques importantes » explique le procureur dans un communiqué ce vendredi. L’examen médico-légal de la députée avait constaté « la présence de deux hématomes, l’un de 3,5 cm sur 3 cm à la face externe de la jambe droite dans son tiers supérieur, l’autre de 10 cm sur 3 cm à la face antéro-externe de la cuisse gauche dans son tiers moyen. » Il fixait l’incapacité totale de travail à une durée de trois jours.

L’élue a reçu « deux coups de bâton sur ses membres inférieurs »

La députée affirmait avoir été repoussée avec un bouclier, et avoir reçu deux ou trois coups de matraque sur ses jambes, alors qu’elle était porteuse de son écharpe tricolore et qu’elle demandait aux forces de l’ordre de lui céder le passage, ses mains en l’air. Elle dénonçait aussi le jet de lacrymogènes aux pieds des manifestants.

L’analyse de la vidéo a permis de reconstituer « avec précision » le déroulement des faits. « Un groupe composé de 30 à 40 manifestants s’approchait des gendarmes [avec] madame Lisa Belluco en tête, explique le procureur. Elle portait l’écharpe tricolore et levait ses bras (…) Elle était repoussée par un bouclier avant d’être saisie par le bras et invitée à s’éloigner. Poursuivant sa démarche de franchissement du barrage en compagnie d’autres manifestants, en déclarant « vous n’avez pas le droit de me toucher, je suis une députée », elle était de nouveau repoussée par un bouclier et recevait un coup de bâton de protection à poignée latérale (dit « tonfa ») en direction de ses membres inférieurs. »

Au total, l’élue a été « repoussée au bouclier à six reprises, recevait deux coups de bâton de protection sur ses membres inférieurs et paraissait incommodée, sur la fin de l’altercation, par des gaz lacrymogènes. » Les auditions des gendarmes en cause « révélaient une volonté de madame Lisa Belluco de forcer le barrage, en dépit des sommations effectuées et dans des conditions conformes aux images vidéo. »

Une manifestation qui s’était tenue « en dépit d’une interdiction »

Cette manifestation contre la construction de réserves de substitution d’eau, dites « méga-bassines », à Sainte-Soline, s’était tenue « en dépit d’une interdiction de cette manifestation et de tout attroupement ou rassemblement par arrêtés préfectoraux, validés par une décision du tribunal administratif de Poitiers » rappelle le procureur.

Plusieurs milliers de manifestants s’étaient néanmoins rassemblés pour se rendre sur le chantier, au nord-ouest de la commune de Sainte-Soline. Lisa Belluco se trouvait dans le cortège central, avec d’autres parlementaires. « En dépit des sommations réalisées par les forces de l’ordre, puis de l’usage de grenades lacrymogènes, le cortège central poursuivait sa progression et ne pouvait être contenu par les gendarmes mobiles, en nombre bien inférieur », relate le procureur, qui ajoute que « des grenades lacrymogènes étaient renvoyées par les manifestants sur les forces de l’ordre. »

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avait annoncé que « 61 gendarmes avaient été blessés, dont 22 sérieusement », lors des heurts qui avaient éclaté durant cette manifestation. Trente manifestants avaient aussi été blessés.