Macron ne satisfait pas la colère des agriculteurs concernant l’accord Mercosur.
Emmanuel Macron a demandé à la présidente de la Commission européenne un « report de l’examen de l’accord » de libre-échange avec des pays du Mercosur, estimant que les exigences françaises n’ont pas été remplies. La France exige que l’accord soit accompagné de clauses de sauvegarde afin de protéger « les filières de production agricole de toute perturbation de marché ».
Alors que les agriculteurs en France expriment leur mécontentement face à la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) par le gouvernement, Emmanuel Macron s’attaque à un autre sujet agricole sensible. Le président de la République a ainsi sollicité la présidente de la Commission européenne pour un « report de l’examen de l’accord » de libre-échange avec les pays du Mercosur, a annoncé dimanche l’entourage du chef de l’État.
« Sur le Mercosur, le président de la République constate qu’à ce stade le compte n’y est pas pour protéger les agriculteurs français. Les exigences françaises n’ont pas été remplies. Aussi, en relais de la position du gouvernement, il a demandé à la présidente de la Commission un report de l’examen de l’accord », a précisé cette source.
Matignon exerce également des pressions sur l’UE. Le gouvernement français a précédemment déclaré avoir demandé le report des « échéances » prévues cette semaine pour la signature de cet accord de libre-échange, jugeant que les conditions n’étaient « pas réunies pour un quelconque vote » des États européens. « La France demande que les échéances de décembre soient repoussées pour continuer le travail et obtenir les mesures de protection légitimes de notre agriculture européenne », a expliqué Matignon.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, souhaite signer ce traité de libre-échange avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay samedi lors du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, au Brésil. La Commission doit au préalable obtenir l’aval des États membres de l’UE cette semaine, entre mardi et vendredi.
« Alors qu’un sommet du Mercosur est annoncé le 20 décembre, il est clair dans ce contexte que les conditions ne sont pas réunies pour un quelconque vote (des États européens) sur une autorisation de signature de l’accord », a averti Matignon.
Les agriculteurs français s’opposent fermement à ce traité. Avant de se prononcer, les Vingt-Sept attendent un vote du Parlement européen le 16 décembre sur des mesures de sauvegarde destinées à rassurer les agriculteurs, notamment ceux de France, qui s’opposent à cet accord. La France exige que l’accord soit accompagné de clauses de sauvegarde pour protéger « les filières de production agricole de toute perturbation de marché », ainsi que de « mesures-miroir notamment sur les pesticides et l’alimentation animale, afin que les produits importés entrant sur le marché intérieur respectent impérativement les normes environnementales », a rappelé Matignon.
La Commission européenne avait annoncé en septembre un dispositif de « suivi renforcé » pour les produits agricoles concernés par cet accord commercial, tels que la viande bovine, la volaille, le riz, le miel, les œufs, l’ail, l’éthanol et le sucre, s’engageant à intervenir en cas de déstabilisation du marché. Si l’accord UE-Mercosur est approuvé, il créerait un marché commun de 722 millions d’habitants.

