France

Lyon : Qui est Naïs Pirollet, la n°10 de l’équipe de France pour le Bocuse d’Or ?

Dix minutes. Le temps est compté pour pouvoir interviewer Naïs Pirollet à trois jours du plus prestigieux concours international de gastronomie. « C’est plus facile que de réaliser des recettes en 5h30 face aux meilleurs chefs du monde », fait-elle gentiment remarquer en riant. La Lyonnaise représente la France pour la finale du Bocuse d’Or et passera devant les jurys lundi.

Concentrée sur son objectif, la jeune femme de 25 ans est en pleine « semaine en blanc ». « C’est similaire à l’épreuve du baccalauréat qu’on passe comme si c’était le vrai. Sauf que là, c’est en cuisine, dans les conditions réelles de la compétition », explique-t-elle. Un moment crucial pour « régler les détails », « être capable de tout anticiper le jour J » et s’assurer « que toute l’équipe garde le cap ». « C’est le dernier coup de fouet », image-t-elle. C’est aussi la dernière phase d’un entraînement intense auquel elle s’est attelée depuis des mois, avec son équipe, à « sortir le résultat souhaité » puis à le faire en respectant le chrono.

« La parfaite coordination des savoir-faire »

Naïs Pirollet est jeune, c’est même la benjamine du concours. Mais celle qui a fini major de promo de l’Institut Paul-Bocuse, dont elle est sortie en 2017, ne compte pas se laisser impressionner. Elle veut contrer les discours qui laissent entendre « que les jeunes ne veulent rien faire ». « C’est une fierté d’avoir une équipe avec des jeunes, poursuit-elle. Oui, on peut faire des erreurs mais comme les vieux. En tout cas, on est là, on se donne à fond, on mouille le maillot. »

Elle s’est entourée d’Edouard Loubet comme coach, de Cole Millard, Luc Laval en commis ainsi que de Matéo Rossi, Tom Calazel en logistique et ingénierie. « Je suis la candidate de la France, c’est mon nom mais je ne suis rien sans eux, lâche-t-elle. Chacun a des responsabilités et chacun est indispensable pour réussir ». Elle n’oublie d’ailleurs pas de mentionner le rôle essentiel des fournisseurs et de leurs efforts pour répondre « aux exigences » et donner « le meilleur » des produits ainsi que les partenaires qui peuvent même « créer des outils sur-mesure pour nous faire gagner du temps ». Pas de doute, la gastronomie internationale ne pourra que constater « la parfaite coordination de tous ces savoir-faire ».

La « petite souris » de David Tissot lors du Bocuse d’Or 2021 veut suivre ses pas et « faire perdurer la dynamique crée autour de l’équipe de France ». « Dans la continuité de ce qu’il a constitué, je trouve ça important d’avoir des éléments qui ont déjà vécu la compétition avec toutes ses subtilités, développe-t-elle. Mais aussi d’avoir des personnes qui y mettent pour la première fois les pieds. »

« Le Bocuse d’Or, c’est aller au-delà des limites »

Tel la n°10 d’une équipe de football, Naïs Pirollet pense « au groupe » et met sa vision au service du collectif, sans oublier d’user de ses qualités techniques. C’est une meneuse. Elle devient même une pionnière dans l’histoire du concours créé en 1987 par Paul Bocuse. La Lyonnaise est la première femme à représenter la France dans cette épreuve internationale. « Je suis heureuse que la France présente une candidate, lance-t-elle. Ça montre aussi que notre métier a évolué même si des problèmes persistent. » Elle sera également la seule femme parmi les 24 chefs en compétition.

Sans surprise, elle s’est frayé alors un chemin jusqu’aux buts et s’apprête désormais à marquer. Elle reprend : « Je vais me dépasser. Le Bocuse d’Or, c’est aussi aller au-delà des limites mais sans oublier notre Histoire. Je représente la France, il faut alors mettre à l’honneur notre grand patrimoine gastronomique qui peut utiliser des techniques du monde entier, sans omettre notre identité. »

Garder la joie de faire ce qu’elle aime au travail

Et quand une victoire est sous-entendue, la jeune femme s’exclame dans un large sourire : « Ce sera déjà une énorme joie, il y aura une belle soirée après et ce sera un bon début de carrière. En cas de victoire de la France, je serai surtout très fière d’avoir rassemblé le pays autour de ce concours, autour de l’équipe. »

Dans le cas contraire, « pas de regrets » car ce n’est pas « un aboutissement ». Elle est consciente que ce genre d’épreuve lui permet déjà d’enrichir « à une vitesse maximum » son expérience et qu’elle a eu « la chance » d’avoir « de grands chefs » qui se sont investis dans sa préparation. « Dans tous les cas, je veux pouvoir continuer de me faire plaisir dans mon métier, de n’importe quelle façon. Que ce soit dans un restaurant étoilé, un bistrot ou un refuge en montage, le principal c’est que je garde cette joie de faire ce que j’aime au travail. »