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Lyon : Mais que va devenir la cité des Halles (et son fidèle public) ?

Un panneau « tout doit disparaître » à l’entrée de la friperie, du ruban adhésif un peu partout sur le menu pour les boissons « en rupture de stock »… C’est officiel, la cité des Halles ferme le 31 décembre. Trois ans après avoir investi la friche des usines Nexans, dans le 7e arrondissement de Lyon, les « bulldozers » de Bouygues vont bientôt « tout raser » pour y construire des logements.

« C’est trop dommage, il n’y a pas de lieux aussi bien que celui-là », souffle Julie, la trentaine, venue écouter le groupe Zermatt, un mardi soir, quelques jours avant « la fin ». Son ami, Mathieu, acquiesce. « Si on veut retrouver un lieu avec le même esprit, il faut aller jusqu’à Vaulx-en-Velin, au Grrrnd Zero,indique-t-il. Ce n’est pas la porte à côté. » Une autre habituée des lieux, Bérénice, 29 ans, n’ira pas jusqu’à là-bas et se contentera éventuellement du café-bar La maison bleue. « Tout ce qui est à plus de dix minutes à pied de chez moi, c’est compliqué, dit-elle en riant, mais sincère. C’est d’ailleurs pour ça que j’aimais particulièrement la cité des Halles. »

La cité des Halles du 7e arrondissement de Lyon a accueilli de nombreux événements pendant ses trois ans d'occupation de la friche Nexans.
La cité des Halles du 7e arrondissement de Lyon a accueilli de nombreux événements pendant ses trois ans d’occupation de la friche Nexans. - E. Martin / 20 Minutes

Pour cette Lyonnaise, la nouvelle de la fermeture est « terrible » et « très triste ». Elle avait célébré son pacs avec sa compagne dans « le grand espace extérieur ». « En plus de proposer des événements festifs et culturels très variés et très intéressants, ce lieu avait une symbolique particulière pour nous », confie-t-elle.

« La cité des Halles a vraiment créé une belle dynamique et a stimulé tout le quartier pendant trois ans », assure à son tour, Jean-Baptiste, un « fidèle client », qui est lui aussi « très déçu » de sa fermeture. Il l’assure : « C’est avec plaisir que je continuerai de soutenir ce tiers-lieu, qu’importe la manière dont il se régénère ».

« La place du village du 7e arrondissement de Lyon »

Ce n’est donc pas à prouver : la cité des Halles a fait l’unanimité et a réussi son ambition de devenir « la place du village du 7e ». En trois ans, plus de 1.500 événements gratuits ont été organisés et plus de 450.000 visiteurs ont été accueillis, comme le rappelle le site.

Malgré ce succès, sa fermeture est « le jeu des projets temporaires ». « On le savait mais on avait encore la possibilité de rester un peu, confie Orbiane Wolff, cofondatrice de « Lieux solides » et directrice associée du projet cité des Halles. On a tout fait pour prolonger le bail, on a négocié jusqu’au bout, surtout parce qu’on sait que les travaux des immeubles ne vont pas démarrer tout de suite. On se rappelle dans un an, ce sera toujours un terrain vague… », glisse-t-elle.

C’est d’ailleurs ce qui fait mal au cœur après trois ans de « transformation des lieux ». « Quand on a pris le projet, c’était un tarmac en béton, détaille-t-elle. On a ramené des arbres, on a végétalisé, on a tout créé de A à Z. C’est aussi l’investissement de temps et d’énergie qui a fait que ça a fonctionné. Et puis, lors de la première saison, sous la halle nord, on a fait des études auprès de nos visiteurs pour savoir ce qu’ils attendaient. Là, on prend du recul et se rend compte qu’on a réussi quelque chose et on a envie de continuer. »

Quelles suites pour le projet de la cité des Halles ?

De la fin de la cité des Halles est née une nouvelle aventure pour ses équipes : Lieux solides, portée par Orbiane Wolff, Heni Chaussedent et Maxime Cadel. « On a décidé de transformer l’héritage des lieux en une opportunité de développement pour de futurs projets, avec des missions de conseils, une partie d’exploitation de lieux et une autre partie de programmation, d’animations et de prestations artistiques », précise la cofondatrice du projet.

Elle peut d’ailleurs déjà annoncer l’ouverture de « Vitamine 7 », pour le printemps 2025, pour développer une des composantes expérimentée à la cité de Halles : le sport en ville inclusif. Pour les 100 résidents qui travaillaient dans le projet, un partenariat a également été trouvé. Ils vont pouvoir intégrer un bâtiment de 1.200m2 à Vaise et « assurer une continuité dans leur travail », indique la cofondatrice de Lieux solides.

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« Notre plus grand objectif est de réussir à s’installer dans la halle nord, dans le cadre du  »projet de réhabilitation » du site, appuie Orbiane Wolff. On a l’écosystème, l’expertise du quartier. Tout ce qu’on a fait était dans le sens de pérenniser l’aventure, donc on travaille beaucoup pour que ça puisse se réaliser. » Elle conclut : « Les retours de notre public nous ont confortés dans l’idée de continuer à se battre. Tout le monde a validé le concept et demande ce type de lieux dans le quartier. Toute montre qu’il faut absolument un projet comme celui-ci dans le parc urbain futur. » Alors, est-ce qu’un bout de la cité des Halles restera à sa place ? Réponse courant 2025…