France

Lutte contre le narcotrafic : Une balle antistress pourrait-elle décider de l’avenir du renseignement en France ?

Depuis le 17 mars, les débats vont bon train autour de la proposition de loi sénatoriale sur le narcotrafic. Alors qu’ils reprennent ce lundi, un petit objet pourrait définitivement voler la vedette des très médiatiques ministres Retailleau et Darmanin.

Une petite balle antistress manipulée par la députée écologiste, Sandra Regol, s’est immiscée au cœur des débats. Très impliquée dans les discussions, la députée du Bas-Rhin s’affiche depuis une semaine avec cette petite balle qu’elle passe même à ses collègues de l’aile gauche de l’hémicycle.

Certains y voient un bâton de parole, d’autres un grigri porte-bonheur… Pour tirer l’affaire au clair, 20 Minutes a posé la question à l’intéressée (la députée, pas la balle).

Quel est le sens de cette balle antistress que vous tenez inlassablement depuis une semaine et le début des échanges sur la proposition de loi contre le narcotrafic ?

Cela signifie simplement que je suis stressée (éclats de rire). Cette loi est très importante, elle implique des débats très lourds et très techniques. Il est donc important de rester très concentrée. Les débats ont commencé lundi à 15 heures, mais les préparatifs ont démarré eux dès lundi matin. Or je venais d’atterrir d’un voyage d’une semaine à New York pour une discussion sur le droit des femmes à l’ONU et au Québec justement pour voir comment ils travaillent là-bas contre le trafic de drogue. Des échanges très riches en enseignements.

Sauf qu’en tant qu’écologiste, je prends très rarement l’avion et je n’ai pas l’habitude du décalage horaire, donc j’étais dans un état de fatigue très avancé. Ajoutez à cela que je suis vapoteuse, et donc que j’ai souvent besoin de sortir pour avoir ma dose de nicotine. Cette balle antistress est un moyen que j’ai trouvé pour me mobiliser musculairement et rester bien « focus » sur les débats.

À la base, elle n’avait pas pour but d’être visible, au contraire, c’était juste un « petit truc » personnel mais que j’ai oublié de poser pendant certaines prises de parole. D’ailleurs on a parlé de la balle rose mais personne n’avait vu la première qui était transparente.

Il semble que votre « petit truc » ait fait des émules puisqu’on a vu d’autres députés de la gauche vous les emprunter en séance…

Tout à fait. Cela a suscité beaucoup d’amusement chez les collègues, mais la fatigue aidant, ils l’ont très vite adopté. Nous sommes en train de voter des dispositifs qui ont des conséquences très lourdes sur le renseignement, avec de possibles mises sur écoute de tout appareil électronique connecté. Cela signifie que votre four connecté, votre aspirateur, l’appareil auditif de votre petite-cousine, jusqu’à votre sex toy pourraient être écoutés.

Cela implique donc une très grande réflexion et une certaine technicité, tout cela au milieu de débats très intenses. Cela a été une semaine très éprouvante, avec des discussions de 9 heures à minuit tous les jours. Pour preuve, les appareils de vote eux-mêmes ont fini par décéder sous le trop grand nombre de votes..

Une concentration qu’il va falloir de nouveau mobiliser avec la poursuite des débats cette semaine. Vous avez gardé votre balle ou vous préparez d’autres techniques ?

Oui, je l’ai toujours mais je vais devoir en amener une nouvelle parce que la première a commencé à fuir (elles sont remplies de résine). Ce sont des jouets pour enfants, ils ne sont pas conçus pour être malaxés pendant quatorze heures tous les jours par des adultes. Mais leur efficacité semble prouvée puisque les débats ont été de très bonne tenue, constructifs et sans effusion.

Plus sérieusement, chacun a sa technique pour résister à la longueur des débats. Pour certains ces la caféine, la vitamine C ou la petite sieste de dix minutes pendant une pause pour ceux qui arrivent à s’endormir facilement. Les nuits sont courtes parce qu’on finit à minuit, le temps de rentrer et de se détendre pour s’endormir, il est deux heures du matin. Et le réveil sonne à 7 heures pour y retourner.

Notre cycle de sommeil est également perturbé par la lumière zénithale diffusée dans l’hémicycle (censée simuler la lumière du jour). À la base c’est pour notre bien, mais sur des débats aussi longs, cela dérègle nos cycles de sommeil. Entendons-nous bien, ce n’est pas le bagne, mais nous ne légiférons pas dans de bonnes conditions. C’est le symbole de la manière dont sont menés ces débats. Donc une balle antistress est bien le minimum pour nous aider à rester concentrés.