France

Louis de Funès : Au Cellier, le souvenir d’un homme « simple » qui « nous fait toujours autant marrer »

Au Cellier (Loire-Atlantique)

« Je me souviens bien du jour de son enterrement ! Les rues du Cellier étaient noires de monde, il y avait des milliers de personnes… » Quarante ans après la mort de Louis de Funès, le 27 janvier 1983, les souvenirs sont encore très vifs dans la tête de Daniel Coquet. Il faut dire que le sexagénaire a souvent croisé « M. de Funès de Galarza de son vrai nom », quand, adolescent, il accompagnait son père menuisier pour effectuer des travaux dans le château du couple, près d’Ancenis au nord de Nantes (Loire-Atlantique). « Je ne le connaissais qu’au cinéma, raconte Daniel Coquet. Je peux vous dire que quand vous rencontrez cet homme d’1,64 m pour la première fois, ça vous marque. Il y avait beaucoup de respect entre nous. A tel point que l’on n’a jamais pris de photo. »

Dans cette commune de près de 4.000 âmes, où Louis de Funès a passé ses vacances et toute la fin de sa vie, on s’apprête à rendre hommage à l’immense comique, mais surtout à « l’homme humble » qu’il était lorsqu’il s’éloignait des plateaux de cinéma. Samedi, un flash mob Rabbi Jacob sera joué avant une commémoration au cimetière suivie d’une messe en l’honneur de ce fervent catholique. « Malgré sa forte célébrité, il a marqué la commune par sa simplicité, estime Aloïs Robinard, le président de l’association Sur les traces de Louis de Funès. Dans sa vie quotidienne, c’était même quelqu’un de timide, d’assez réservé. Il aimait se ressourcer ici en s’occupant de sa roseraie, ses fruitiers, en allant à la pêche… Il a été charmé par le château de Clermont et son domaine, qu’il a rachetés en 1967 lors d’une vente à la bougie, pour faire plaisir à sa femme. »

Toujours du monde sur sa tombe

Quand il était enfant, Claude Minier aussi aimait passer à vélo devant les grilles de cette grande bâtisse aux 365 fenêtres. Surtout, il espérait croiser l’acteur dans sa R6, « qui [m] e laissait passer quand ça arrivait ». Aujourd’hui, c’est au cimetière juste à côté qu’il se rend au moins une fois tous les trois jours, pour entretenir bénévolement la tombe. « Je nettoie la plaque de marbre, je taille, rapporte ce grand fan. Je récupère aussi des petits mots et des dessins d’enfant, avant que les escargots ne viennent les dévorer. Quand ce n’est pas des bouteilles de vin, que des gens ont dû déposer pour « trinquer avec Louis » ! Ce qui m’a toujours étonné, c’est le nombre de gens qui passent… Je vois beaucoup d’étrangers : l’autre fois, un groupe de Hollandais était là. Ils m’ont dit : on aime Louis de Funès car il ressemble aux Français. »

La tombe de Louis et Jeanne de Funès, au cimetière du Cellier
La tombe de Louis et Jeanne de Funès, au cimetière du Cellier – J. Urbach / 20 Minutes

Mais les raisons semblent nombreuses pour expliquer cette popularité, qui se transmet de génération en génération. Dans la salle William Turner, où une grande exposition De Funès se tient jusqu’à dimanche, les fans de tous âges déambulent entre les grandes affiches, coupures de presse et objets du quotidien. Jonathan, un belge de 42 ans, s’est découvert une réelle passion il y a quelques années. « Dès que j’ai une baisse de moral, je mets un film et c’est reparti : les grimaces, les répliques, il nous fait toujours autant marrer », sourit ce chauffeur routier aux multiples tatouages de ses acteurs préférés. Son rêve, ce serait d’habiter un jour, ici au Cellier, « avec ses si jolis coteaux, ses vignes, son climat et sa Loire qu’aimèrent tant les rois et nos plus grands poètes », comme l’écrivait Louis de Funès en 1977. « C’est peut-être étonnant mais on sent sa présence ici, poursuit Jonathan. C’est comme un autre monde. »