Los Angeles : « HELP »… Des « appels à l’aide » liés au trafic d’êtres humains ? Rien ne le prouve malgré la psychose
Appel à l’aide ? Trafic d’êtres humains ? Trafic d’enfants ? Sur les réseaux sociaux, tout est allé très vite ces derniers jours depuis la découverte d’intrigantes inscriptions « HELP » (« à l’aide » en français) sur le sol d’un terrain vague à Los Angeles. Des captures d’écran de ces inscriptions vues du ciel ont fait le tour des réseaux sociaux et ont très rapidement été interprétés comme la preuve de l’existence d’un réseau de trafic d’être humains.
Ces inscriptions sont effectivement visibles depuis le ciel (comme ici sur Google Earth), mais apparaissent également sur l’outil Street View, où on peut constater qu’elles ont été réalisées avec des cylindres et des débris. Elles sont visibles au moins à partir de juillet 2023. On y compte plusieurs fois le mot « help », mais aussi les termes « traffico », « LAPD » [nom du service de police de Los Angeles], ou encore « terrorismo ». La présence d’une ouverture dans le sol a également suffi à alimenter des théories autour d’un réseau souterrain, qui servirait à alimenter le trafic d’être humains. Dans l’effervescence déclenchée, plusieurs internautes se sont mis en scène en se filmant sur place, cherchant à résoudre le mystère.
FAKE OFF
Que cachent donc ces mystérieux signes ? En réalité, sûrement pas grand-chose. Comme souvent sur Internet, les rumeurs ne s’embarrassent pas de preuves pour devenir virales, et aucun élément sérieux n’est pour le moment venu appuyer la piste du trafic d’êtres humains. Face à la psychose sur les réseaux sociaux, les services de police de Los Angeles ont été amenés à réagir dans la presse. Contacté par la chaîne ABC de Los Angeles, le LAPD assure qu’après s’être rendus sur place, les enquêteurs « n’ont trouvé aucune preuve d’activité criminelle ou de menace dans la zone ».
Le propriétaire du terrain vague, la compagnie de chemin de fer Union Pacific, a elle aussi réfuté ces théories, assurant que les messages étaient l’œuvre d’un homme qui se serait « introduit sans autorisation », « pour créer à plusieurs reprises ces messages trompeurs ». Cette hypothèse avait déjà été abordée par des internautes qui se sont rendus sur place, évoquant une personne sans-abri du nom de José. Le LAPD a réagi à cette piste dans un message sur X : « Nous avons eu plusieurs contacts avec l’individu dont vous parlez. Il a refusé un logement ou une évaluation de sa santé mentale. Il n’y a aucune preuve de traite des êtres humains. Il se trouve à cet endroit depuis quelques années. »
Le trafic d’êtres humains, entre réalité et théories du complot
En se penchant sur les caractéristiques des comptes ayant participé à faire monter ces théories du complot, il apparaît qu’un certain nombre sont en lien avec la mouvance conservatrice, proche ou soutien affiché de Donald Trump, dont une partie de l’électorat est imprégnée de pensée complotiste. Le trafic d’enfants fait partie des thématiques récurrentes dans les milieux conspirationnistes, se trouvant notamment au cœur de la mouvance QAnon.
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En outre, le trafic d’êtres humains est une problématique bien réelle dans la région. Le site internet du comté de Los Angeles y dédie d’ailleurs une page, où il est décrit comme « l’une des zones où l’exploitation des enfants est la plus intense du pays ». « La traite des êtres humains est présente partout dans nos communautés et ne fait pas de discrimination fondée sur l’origine ethnique, le sexe ou l’âge, pas plus qu’elle ne prend en compte l’immigration ou le statut socio-économique », peut-on aussi lire sur le site du comté.
Le site du procureur général de l’Etat dit quant à lui que « la Californie est l’un des plus grands sites de traite des êtres humains aux États-Unis », où « 1.656 cas de traite des êtres humains » y ont été signalés en 2018. Un groupe de travail régional de lutte contre la traite des êtres humains de Los Angeles a d’ailleurs été monté pour unir les forces des différentes administrations.
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