France

Lorraine : « Hold-up », « parasitisme »… Le nouveau « Mondial Air Ballons » menacé par une querelle de succession ?

Gims, Patrick Fiori, un spectacle aquatique, de nombreuses animations et bien sûr des envols de ballons par centaines… Du 25 juillet au 3 août prochain, l’aérodrome de Chambley-Bussières, en Meurthe-et-Moselle, sera encore une fois le lieu de rassemblement de milliers de personnes.

« On en attend entre 350.000 et 400.000 sur les dix jours », annonce Stéphane Bourguignon, qui a dévoilé mercredi à Metz le programme de « Enenvol ». Fini l’habituel et célèbre « Mondial Air Ballons » lancé en 1989, voilà le nouveau nom de cet événement souvent présenté comme le plus grand rassemblement au monde de montgolfières.

Ce changement de titre n’est pas dû au hasard. Le nouvel organisateur, propriétaire du groupe ABC spécialisé dans l’événementiel, ne veut surtout pas s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur. « C’est différent. Ça va être un événement à 360°, pas uniquement pour les passionnés de montgolfières même si elles vont rester centrales. Nous avons retravaillé le sujet complètement différemment », complète l’entrepreneur de Metz en évoquant encore « une mini-fête foraine, un escape game, une ferme pédagogique etc. »

« Ça reste un rassemblement de montgolfières dans un lieu précis qui est le même, à des dates similaires et avec des envols massifs et en ligne qui ont fait la renommée de l’événement », lui rétorque maître Etienne Mangeot, l’avocat de Philippe Buron Pilâtre.

Ce dernier, fondateur en 1989 du « Mondial Air Ballons », est en conflit ouvert avec le patron de « Enenvol ». Il n’a pas digéré la manière dont sa succession s’est déroulée. « Il faut remonter à juillet quand mon client a annoncé que ce serait sa dernière édition », reprend son conseil. « Des discussions se sont alors engagées avec M. Bourguignon qui avait le profil idéal. Une lettre d’engagement avait même été signée et nous avions communiqué sur ce repreneur le 14 février 2024. Sauf qu’après, M. Bourguignon a brutalement cessé tout contact et il n’y a jamais eu contrat. »

Et si la justice s’en mêlait ?

L’achat du « Mondial Air Ballons » – « une marque connue et reconnue avec vingt-cinq ans de savoir-faire », selon maître Mangeot –, n’a donc jamais été bouclée. Pas plus que Philippe Buron Pilâtre n’a touché le moindre centime des « 300.000 euros » évoqués pour cette vente…

« C’est un véritable hold-up. Faire la même chose en changeant simplement de nom, ça s’appelle du parasitisme », insiste l’avocat, qui va lancer dans les jours prochains une nouvelle procédure. Après celle déjà ouverte pour « rupture abusive de pourparlers », il va attaquer cette fois afin de dénoncer ce fameux « parasitisme ». De quoi menacer la tenue de l’événement ? « Oui si le juge des référés nous donne raison. Ça peut être tranché d’ici quelques semaines », annonce maître Mangeot.

De son côté, Stéphane Bourguignon n’a logiquement pas la même vision du dossier et se dit « confiant ». « Il n’y a rien d’épineux, simplement des sentiments divergents », nuance l’entrepreneur de 49 ans. « M. Buron Pilâtre avait fermé la société qui gérait l’événement et où il y avait 14 associés pour ne plus vendre qu’en son nom propre. Aujourd’hui, il me reproche d’avoir arrêté des négociations mais il n’y avait pas de compromis de vente. Nous étions simplement dans la discussion. »

L’organisateur bénéficie déjà du soutien de la région Grand-Est, qui avait justement prêté ses locaux mercredi pour la présentation de « Enenvol ». « Le plus important, c’est qu’il y ait un bel événement et que les gens passent un bon moment. Je peux aussi vous dire que les commerçants du secteur sont ravis vu les retombées économiques que ça engendre », ajoute le patron du groupe ABC. « Le reste, ça doit rester en coulisse. » Sauf si ça venait, par voie de justice, à occuper le devant de la scène.