Loi spéciale : Macron réclame un budget pour janvier, l’Élysée s’impatiente
La France n’a toujours pas de budget pour 2026 à l’approche de la date fatidique du 31 décembre. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a déclaré que le maintien de la loi spéciale « au-delà de janvier risquerait de fragiliser grandement l’économie française ».
La date limite du 31 décembre approche, et la France n’a toujours pas de budget pour 2026. Sébastien Lecornu, qui espérait obtenir un compromis à l’Assemblée nationale et au Sénat depuis plusieurs semaines, a dû ajuster sa stratégie sous la pression de l’Élysée.
Le gouvernement a présenté lundi soir un projet de loi spéciale budgétaire en Conseil des ministres, qui devrait être adopté dès mardi par le Parlement. Cela marque le début de nouvelles discussions dont l’issue reste incertaine, devant aboutir « au plus vite en janvier » selon Emmanuel Macron.
Lecornu reste déterminé à éviter le recours au 49.3. « Ce n’est pas satisfaisant » et « nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation » qui « devra tenir l’objectif de 5 % de déficit et financer nos priorités », a déclaré le chef de l’État, selon la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. La loi spéciale « acte donc la volonté du gouvernement de donner leur chance à d’ultimes négociations », a précisé le président.
Le gouvernement exclut toujours l’option d’un retour au 49.3 pour l’adoption de ce budget, affirmant qu’il « est encore votable sans intervention du gouvernement », a indiqué le Premier ministre lors de ce Conseil.
Comme l’année précédente, après la chute du gouvernement Barnier, il ne devrait y avoir « aucune voix contre » la loi spéciale, a prédit Éric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances de l’Assemblée. Toutefois, ce texte, qui autorise à percevoir les impôts existants sans nouvelles mesures fiscales et s’accompagne d’un décret limitant les dépenses aux services votés l’année précédente, est une mesure temporaire. Les discussions pour un budget complet devront reprendre en janvier.
Le ministre de l’Économie Roland Lescure a souligné devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale que le maintien de la loi spéciale « au-delà de janvier risquerait de fragiliser grandement l’économie française », avant une audition prévue ce mardi au Sénat. Cela pourrait avoir des répercussions sur le déficit public. Avec une loi spéciale en vigueur tout au long de l’année, le déficit pourrait atteindre entre 5,4 % du PIB (niveau anticipé par le gouvernement pour 2025) et 6 % du PIB, soit le montant du déficit « si on laissait tout dériver », sans loi de finances, selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics.
« L’Élysée commence à s’impatienter », indique un cadre du gouvernement. « Ils veulent que ça s’arrête le plus tôt possible », confie un autre. Reste à déterminer combien de temps Sébastien Lecornu aura besoin pour convaincre les parlementaires, entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d’impôts et une Assemblée où la gauche appelle à plus de recettes et moins de coupes budgétaires.

