France

Logement : Entraide, mutualisation des coûts… Le « coliving » pensé pour les familles monoparentales

Toute la semaine à Cannes, où les acteurs mondiaux de l’immobilier se sont réunis à l’occasion du Mipim, le « coliving », sorte de colocation géante et multiservice, a confirmé son incroyable montée en puissance depuis la pandémie. Une tendance, a priori partie pour s’étirer dans la durée, que la start-up française Commune, lancée il y a un an et demi, a décidé de spécialiser. D’ici quelques mois, elle ouvrira ses deux premières résidences partagées en direction des familles monoparentales. Une première au monde.

« En s’intéressant au marché, on s’est aperçu qu’aucune structure ne leur était directement dédiée alors qu’elles représentent 25 % des foyers, explique le cofondateur Ruben Petri. A Paris, c’est même un tiers des familles. A New York, 50 %. » Une unité de 600 m2, dans un immeuble en cours de réhabilitation dans les Yvelines, et une autre de 1.200 m2, en construction dans le département du Nord, seront inaugurées d’ici à la fin de l’année.

« Défavorisées face aux couples qui ont deux salaires »

Et pour quinze appartements dans l’une et 28 dans l’autre, Commune a déjà reçu « des centaines de demandes » qu’elle est en train d’évaluer. « Retrouver un logement après une séparation est souvent très compliqué. Surtout proche des grandes villes tendues, l’attrait du coliving et de ses tarifs plus attractifs est important pour les familles monoparentales car elles sont désavantagées par rapport aux couples qui ont deux salaires. Selon une étude de l’Insee, ces foyers accusent 30 % de baisse du niveau de vie, en moyenne, un an après la rupture, appuie le responsable. Ce que nous leur proposons, c’est une solution de transition. On estime qu’elles resteront chez nous entre un et trois ans. »

La cuisine commune d'une future implantation de la start-up
La cuisine commune d’une future implantation de la start-up – Commune

Dans son immeuble de la région parisienne, Commune proposera des T2 avec kitchenette et salle de bains privative à partir de 1.200 euros, soit « 20 à 30 % moins chers » que dans le parc privé traditionnel. Chaque location d’appartements, dont la start-up a refusé de préciser les superficies, comprenant également l’accès à des espaces communs extérieurs et de cuisine, mais aussi à une buanderie et à des salles de jeux et de divertissement. C’est le concept.

Baby-sitting et restauration mutualisés

A ce prix-là, les charges, l’eau, l’électricité et le gaz, sont compris. « Ainsi que nos services de base, comme la possibilité d’accéder à des plateformes de streaming, en plus d’une assistance juridique et pour les enfants, qui ont deux à trois fois plus à risque d’avoir des difficultés à l’école dans ces familles », précise encore Ruben Petri.

Ruben Petri, l'un des deux cofondateurs de Commune, cette semaine au Mipim, à Cannes
Ruben Petri, l’un des deux cofondateurs de Commune, cette semaine au Mipim, à Cannes – F. Binacchi / ANP / 20 Minutes

« Le coliving nous permettra de leur proposer également des services de baby-sitting ou même de restauration moins chers grâce à la mutualisation des coûts. C’est le plus de cette formule, en dehors du fait qu’elles pourront se retrouver, partager leurs expériences et s’entraider dans des moments parfois compliqués à vivre. Il y a de plus en plus un besoin de se retrouver en communautés, surtout pour ces familles-là », avance-t-il.

D’autres projets en France, et bientôt à l’international ?

Commune a déjà d’autres projets d’ouvertures pour 2024 « essentiellement en Ile-de-France, où le besoin est très accentué ». Mais aussi ailleurs dans l’Hexagone, où le coliving prospère. Le spécialiste de l’immobilier d’entreprise JLL a ainsi décompté 440 millions d’euros investis dans cette nouvelle forme d’habitation en 2021, puis 291 millions en 2022. Avant 2020, c’était moins de 50 millions d’euros par an.

« Le Covid a rebattu les cartes et les gens se sont rendu compte que vivre tout seul enfermé dans des petits appartements, isolé, ça n’était pas très chouette », pointe Tara Heuzé-Sarmini, l’autre cofondatrice de Commune. La start-up lorgne également les marchés internationaux où la société pourrait être amenée à se développer dans les prochaines années.