France

L’Italie pas séduite par le Nutri-Score, l’Union européenne coincée sur le dossier des étiquettes nutritionnelles

A la recherche du consensus. L’Union européenne veut trouver une solution harmonisée pour étiqueter les aliments, après avoir écarté le Nutri-Score. Avec ses pastilles allant du vert au rouge assorties des lettres de A à E permettant d’évaluer la teneur des aliments en « bons nutriments » (protéines, fibres) et en « mauvais » (sucre, sel, acides gras), le Nutri-Score français faisait initialement figure de favori pour être étendu à l’ensemble des Etats membres.

Il a déjà été adopté par six États membres de l’UE : la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Espagne. C’était sans compter avec l’opposition virulente de l’Italie qui a réussi à rallier Chypre, la Grèce, la République tchèque, la Roumanie ou encore la Hongrie. « Une campagne de lobbying intense contre cet outil au profit d’intérêts commerciaux a malheureusement brouillé les cartes », regrette Emma Calvert, du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), alors qu’en Europe l’obésité concerne désormais un adulte sur quatre, selon l’OMS.

Bruxelles examine à l’heure actuelle les différents affichages existants : le Nutri-Score dont les grandes lignes peuvent toujours in fine servir d’inspiration, les logos vert ou noir des pays nordiques (moins contraignants) mais aussi le système défendu par l’Italie, le Nutrinform Battery, qui tient compte des portions potentiellement consommées.

Des dispositifs « discriminatoires et pénalisants » selon Giorgia Meloni

Dès sa campagne électorale, la Première ministre italienne Giorgia Meloni avait mis les pieds dans le plat, dénonçant des dispositifs « discriminatoires et pénalisants pour notre système agroalimentaire ». La puissante industrie italienne et ses géants comme Ferrero seraient touchés et Rome dit redouter également une dévalorisation des produits phares de sa gastronomie et du régime méditerranéen (huile d’olive, miel, fromages comme le parmesan, le jambon de Parme, les pizzas…).

L’idée serait de tenir compte des portions. Pour l’heure, le Nutri-Score français évalue effectivement les aliments selon la même référence de 100 grammes ou 100 millilitres dans le but de favoriser les comparaisons, sans tenir compte du fait que certains, comme l’huile d’olive ou le fromage, sont consommés en petite quantité.

En attendant, le temps presse : la proposition de la Commission doit être débattue par les États puis soumise aux eurodéputés dont le mandat expire en 2024. Si la Commission rate le coche, « ce sera une occasion manquée majeure pour aider les consommateurs européens, en particulier les plus vulnérables », regrette Emma Calvert.