France

L’incroyable abbaye du Mont Saint-Michel fête son premier millénaire

C’est un lieu incroyable implanté dans un environnement incroyable. Comme ces femmes et ces hommes à qui l’ont dit que « tout leur va », l’abbaye du Mont Saint-Michel est un bijou qui vous éblouit à chaque fois que vous la voyez. Même s’il était posé en bordure d’autoroute dans la banlieue de Saint-Étienne, le monument serait capable d’ensoleiller tout son environnement. Alors imaginez-le, posé au milieu d’une immense baie sauvage, toisant un étrange rocher comme sorti de nulle part. Ajoutez-y l’effort des 300 marches à gravir pour y parvenir et vous comprendrez l’effet waouh que l’abbaye du Mont Saint-Michel peut provoquer chez ses visiteurs. En 2021, plus de 600.000 personnes avaient poussé ses portes pour découvrir les entrailles de l’abbaye et se perdre dans ses couloirs et ses cryptes.

L'archange Saint-Michel chasse le dragon en haut de l'abbaye du Mont Saint-Michel depuis 1897. La statue de cuivre pèse 520 kg et mesure 4,5 mètres.
L’archange Saint-Michel chasse le dragon en haut de l’abbaye du Mont Saint-Michel depuis 1897. La statue de cuivre pèse 520 kg et mesure 4,5 mètres. – D. Meyer/AFP

En 2023, le monument pourrait faire encore plus alors qu’il célèbre son premier millénaire. Cet anniversaire sera célébré pendant plusieurs mois par une série d’événements consacrés à ce monument hors du temps, classé aux monuments historiques et au patrimoine mondial de l’Unesco.

Un travail entamé par les moins il y a mille ans

Prenons d’abord le temps d’une petite mise en garde. Fort d’une histoire très riche, le Mont Saint-Michel fait toujours l’objet de vifs débats entre spécialistes qui continuent de se quereller sur la mémoire des lieux. La légende raconte que l’histoire de celui qu’on appelait le Mont Tombe aurait démarré en 708 après Jésus-Christ quand l’archange Michel aurait fait plusieurs apparitions dans les rêves de l’évêque Aubert, lui demandant de lui édifier un sanctuaire sur le mont. La construction de l’abbaye a quant à elle démarré en 1023 sous la direction de moines bénédictins. Le mont devient un lieu important de pèlerinage où les Chrétiens viennent demander protection à saint Michel.

A l'intérieur de l'abbaye du Mont Saint-Michel, le visiteur peut découvrir de multiples cryptes et abbayes.
A l’intérieur de l’abbaye du Mont Saint-Michel, le visiteur peut découvrir de multiples cryptes et abbayes. – C. Allain/20 Minutes

Perchée sur son rocher, l’abbaye fait aussi l’objet de nombreuses convoitises. Pour la protéger, des remparts sont érigés à ses pieds, faisant du bâtiment une forteresse du duché de Normandie au cours du Moyen Age qui repoussera les sièges anglais. Ces fortifications n’empêcheront pas les dégradations. En 1421, le chœur roman de l’église s’effondre et ne sera reconstruit qu’un siècle plus tard. Ces multiples constructions et reconstructions donnent à l’abbaye un aspect singulier de mélange d’époques et d’inspirations. « L’abbaye est une prouesse architecturale. Plusieurs générations de bâtisseurs se sont relayées pour reconstruire l’abbatiale après chaque effondrement, chaque incendie. Les cryptes Est et Ouest, par exemple. On sait qu’elles ont été construites pour tenir le chœur debout. On faisait venir les pierres des îles Chausey pour les ériger sur les pentes rocheuses », raconte François Saint-James, l’un des guides de la Merveille.

« Une construction extrêmement complexe »

L’homme est très, très bien renseigné sur l’histoire de l’abbaye. Il ignore pourtant à quelle date le monument religieux a été consacré. « Pendant des siècles, les moines le célébraient le 17 octobre. Mais on n’a aucune trace, aucune date précise de sa consécration », concède le guide. C’est aussi pour cela que les équipes de l’établissement public du Mont Saint-Michel n’ont pas choisi une date pour célébrer ce millénaire mais étalé les événements sur plusieurs mois. Une grande exposition intitulée « La demeure de l’archange » démarre ce samedi 20 mai pour montrer ce que les visiteurs n’ont pas l’habitude de voir. « Le Mont recèle d’objets cachés qui ne sont pas visibles du grand public et seront présentés dans le cadre de cette exposition. Je pense notamment à des anges taillés au XVe siècle. Je ne suis pas certaine qu’ils aient déjà été exposés », explique Mathilde Labattue, conservatrice à la DRAC.

Au détour de l’exposition, le visiteur pourra découvrir certains secrets pas toujours connus du grand public. « C’est une construction extrêmement complexe qui a beaucoup évolué. Le Mont a servi de prison. Il avait fallu un gros travail de réfection au XIXe siècle pour lui redonner l’image que l’on connaît aujourd’hui », poursuit Mathilde Labattue. La conservatrice rappelle notamment que la flèche de l’archange n’a pas toujours été là. « On a parfois tendance à l’oublier mais la physionomie du mont a beaucoup évolué. Certaines peintures murales ont disparu pour toujours ». L’établissement public gérant l’établissement travaille actuellement à une visite en réalité augmentée qui permettra de découvrir l’abbaye telle qu’elle était avant. En attendant qu’elle soit prête, vous pouvez profiter du spectacle avec vos yeux, ils vous en remercieront.