France

Lille : Une directrice de crèche mise en examen, dix ans après la mort d’un nourrisson

Le 1er octobre 2013, le petit Tahina, 4 mois, décédait lors de sa sieste. C’était son second jour de crèche. Près de dix ans plus tard, l’ancienne directrice de cette crèche municipale d’Hellemmes, une commune rattachée à Lille (Nord), a finalement été mise en examen. La justice lui reproche un « manquement à une obligation de prudence ou de sécurité en ne prévoyant aucune organisation de surveillance des dortoirs », souligne Me Laurence Bedossa, avocate de la famille de la petite victime.

Voilà plusieurs années que le père de Tahina réclamait cette mise en examen. « Je ne considère pas qu’elle est responsable ou coupable, souligne-t-il à 20 Minutes. Mais j’estime qu’elle doit s’expliquer sur les graves dysfonctionnements évoqués par un rapport d’expertise et par la police. Je reste persuadé que la mort de mon fils est due à un problème de négligence dans l’organisation de la crèche. »

Sur le ventre pour la sieste

Depuis l’ouverture d’une information judiciaire, en juin 2014, le dossier traduit, hélas, les lenteurs dont peut faire preuve la justice. Pas moins de sept juges d’instruction et des recours multiples se sont succédé. Il avait d’abord fallu attendre 2017 pour qu’une auxiliaire de puériculture soit mise en examen pour « homicide involontaire ».

La jeune femme de 25 ans, à l’époque des faits, avait reconnu avoir placé le nourrisson sur le ventre pour la sieste, en contradiction avec les pratiques professionnelles établies. L’enfant, qui avait régurgité pendant son sommeil, était mort d’asphyxie, en partie étouffé par son vomi. Pour la juge d’instruction de l’époque, l’affaire était close et seule l’auxiliaire avait été renvoyée devant le tribunal correctionnel, en 2018.

Supplément d’enquête demandé

Considérant l’instruction incomplète, le ministère public en avait alors décidé autrement. Un supplément d’enquête avait été demandé, avec une éventuelle responsabilité de la direction de la crèche dans le viseur. C’est finalement la chambre d’instruction à Douai, l’institution qui chapeaute le travail des magistrats nordistes, qui a ordonné la mise en examen de l’ex-directrice.

« C’est long, très long, déplore le père de la victime. Il s’agit de la mort d’un bébé et on avait l’impression que le monde judiciaire se désintéressait de ce drame. » D’autant que le traumatisme reste très profond. « Le corps nettoyé de notre enfant nous a été remis dans les bras en voulant nous faire signer une décharge pour une mort subite du nourrisson », se souvient-il encore.

La date du procès au tribunal correctionnel de Lille n’a pas encore été fixée.