France

Lille : Toujours plus de SDF dans les rues, les bidonvilles et les squats de la métropole

Des invisibles toujours plus nombreux. Ce jeudi soir, à l’appel de la fondation Abbé Pierre, une cinquantaine d’associations se rassembleront sur le parvis de la gare de Lille pour alerter sur l’augmentation du nombre de sans-abris dans la métropole. Un triste constat que les acteurs de la solidarité craignent de voir empirer dans les prochains mois, notamment en raison de la conjoncture économique.

De l’aveu même des associations œuvrant auprès des personnes sans domicile, il est particulièrement difficile d’établir un recensement précis de cette population. Dans certaines grandes métropoles, dont Lille, les décomptes effectués lors des « nuits de la solidarité », les sollicitations du 115, les taux d’occupation des hébergements d’urgence sont néanmoins autant de moyens d’établir des estimations fiables. « Entre les personnes à la rue, celles dans les bidonvilles et les squats, on est à plus de 3.000 personnes concernées », avance Tiffany Thirolle, porte-parole de la fédération des acteurs de la solidarité. A ce chiffre ahurissant, il faut encore ajouter un bon millier de personnes qui renoncent à contacter le 115 à force d’essuyer des refus.

Des milliers de SDF recalés par le 115

Sur le seul mois de décembre, ce sont 2.069 sans-abris qui ont été recalés par le Samu social de Lille faute de place dans les hébergements d’urgence. « Pourtant, le nombre de places d’hébergement n’a cessé d’augmenter depuis la crise du Covid, cela veut bien dire que le nombre de personnes à la rue augmente », déplore Isabelle Fourot de la Fondation Abbé Pierre. Pour elle, il suffit de regarder du côté des accueils de jour : « L’un des plus importants de Lille, celui de l’Abej, rue Solférino, a vu son taux d’occupation bondir de 40 % en décembre dernier. »

Expliquer ce phénomène n’est pas si simple. A l’époque du premier confinement, les acteurs de la solidarité avaient observé une migration des personnes sans domicile vers les grandes villes. Aujourd’hui, la conjoncture économique semble en grande partie responsable : « Le coût de la vie, l’inflation ont mis des gens à la rue et fragilisé des ménages déjà précaires. Si cela continue, on craint le pire », reconnaît Tiffany Thirolle.

Ce cri d’alerte des associations n’est pas anodin, la tâche pour endiguer le phénomène leur semblant gigantesque. A Lille, cependant, on prend acte d’initiatives « intéressantes mais expérimentales ». On salue aussi le travail en coopération avec les acteurs publics. « C’est tout en haut que ça ne va pas. Le gouvernement ne met pas les moyens qu’il faudrait pour appliquer concrètement la politique du logement d’abord », insiste la porte-parole de la fédération. Un coup de gueule qui vise la baisse des aides allouées à la construction de logements sociaux. « A Lille, en janvier 2023, ce sont 1.800 ménages prioritaires qui sont en attente d’un logement social », assure la fédération des acteurs de la solidarité.