France

Lille : Martine Aubry demande l’interdiction d’un concert du rappeur Millésime K

Censure assumée. La maire (PS) de Lille, Martine Aubry, a demandé au préfet d’interdire un concert du rappeur controversé Millésime K. prévu dans la ville samedi soir, quelques jours après l’annulation d’un concert près de Grenoble, a appris l’AFP, mercredi, auprès de la mairie. Martine Aubry a interpellé la préfecture, mardi, a précisé la mairie.

Chansons proches des positions d’extrême droite

Le groupe des élus écologistes s’est lui aussi fendu d’un communiqué de presse pour dénoncer la venue du rappeur dont les textes sont jugés « ouvertement racistes, sexistes, homophobes et transphobes. » Les élus écolos alertaient ainsi les propriétaires de salles de concert de la métropole lilloise à « prendre garde à l’éventuelle tenue de ce concert dans leur lieu d’accueil ».

Le rappeur, fort de plus de 700.000 abonnés sur TikTok, est connu pour ses chansons proches des positions d’extrême droite. Il a notamment sorti trois albums baptisés Liberté, Egalité et Fraternité. Dans ses clips diffusés librement sur YouTube, le chanteur se plaint souvent d’être censuré. Le 10 mars, il devait entamer près de Grenoble une tournée intitulée « Patriote », avec une vingtaine de dates jusqu’en juin dans toute la France, mais son concert a été annulé à la suite de la mobilisation de plusieurs syndicats et organisations antifascistes.

« Les agressions et le terrorisme d’extrême droite sont en hausse de partout et les paroles de Millésime K. y incitent clairement, il est temps de les stopper », dénonçaient-elles. L’une des responsables du centre isérois dédié au bien-être où devait se tenir le concert avait expliqué à l’AFP avoir été trompée par la démarche « malhonnête » du rappeur, qui se serait présenté comme étant une société d’« événementiel d’entreprise ». Il avait donc rompu le contrat.

Même méthode que Dieudonné

Visiblement, le chanteur a adopté la même méthode que Dieudonné. Les dates de concert sont annoncées sur son site web, la ville est indiquée mais sans préciser le lieu exact. Le lieu où se tient le concert n’est communiqué qu’au dernier moment aux détenteurs de billets. Par exemple, le concert prévu le 17 mars à Marseille, a eu lieu quelques kilomètres plus loin, à Aubagne, dans une école de danse.

La directrice de l’école se dit avoir été mise sur le fait accompli. « Nous nous sentons abusés, victimes. Ce concert va à l’encontre de ce que l’on défend, de ce que l’on porte », précise-t-elle à La Provence. Même scénario, le lendemain, le 18 mars, à Montpellier. Sur le site de France 3, le gérant du lieu se plaignait aussi d’avoir été leurré sur le contenu du concert.

D’autres sont programmées dans toute la France. Pour le moment, aucune ville n’a pris de directive anticipée pour en interdire la tenue. Et la préfecture du Nord n’a pas encore bougé concernant la demande d’interdiction de Martine Aubry.