France

L’IA assiste les restaurateurs : les clients n’aiment pas chercher.

Selon les chiffres de TheFork, 45 % des Français utilisent désormais chaque jour des outils d’intelligence artificielle. À Paris, l’application référence près de 15.000 établissements, et plus de 100.000 en France.

Avez-vous déjà tenté de dénicher un nouveau restaurant sans solliciter l’avis de vos proches ? On saisit des mots-clés dans la barre de recherche, on explore, on tente de découvrir le menu pour se faire une idée des tarifs… et après plusieurs minutes, nous restons indécis. Cela ressemble un peu à ces soirées où l’on passe plus de temps à chercher un film sur Netflix qu’à le regarder. Et lorsque l’on a une envie spécifique (un restaurant végétarien agréable, une terrasse au soleil, un endroit calme pour un rendez-vous…), la tâche se complique encore davantage. Et cela prend un temps considérable.

Cependant, ce moment ne devrait pas nous ôter l’appétit. C’est ici qu’intervient l’utilisation de l’IA. Selon les données de TheFork, 45 % des Français utilisent désormais quotidiennement des outils d’intelligence artificielle. Le secteur de la restauration a donc tout à gagner en intégrant l’IA : pour simplifier la vie des clients, alléger le casse-tête au moment de choisir, et réinventer la manière dont nous découvrons (et réservons) une table.

Trop c’est trop

« Quand on cherche un restaurant sur une application, on peut se retrouver avec des centaines de résultats sans savoir lequel correspond vraiment à nos attentes », déclare Damien Rodière, directeur France de TheFork. À Paris, l’application référence près de 15.000 établissements, et plus de 100.000 en France. « C’est un volume impossible à traiter pour un utilisateur sans aide », résume-t-il. Trouver son bonheur sans aucune indication peut rapidement devenir un véritable calvaire pour les clients.

De plus, les restaurateurs sont également confrontés à un problème. À Nice, les restaurants du groupe Panorama (dont font partie les établissements Bocca Nissa, Bocca Mar et Felix) en témoignent. « Certains de nos établissements recevaient jusqu’à 100 messages Instagram par jour, et le téléphone pouvait sonner 400 à 500 fois, raconte Jean Valfort, cofondateur du groupe. Humainement, nous n’arrivions plus à suivre. » Le client se retrouvait également pénalisé. Avec une telle demande, obtenir une réponse s’avérait difficile. « Nous n’arrivions pas à faire face à ce volume-là », explique-t-il. Entre une offre trop abondante et une demande trop pressante, l’IA a su apporter une réponse adéquate pour améliorer l’expérience.

Une IA mieux que la recommandation de votre meilleur pote ?

Chez TheFork, l’IA conversationnelle permet désormais de rechercher un restaurant comme on le ferait avec un ami. Plus besoin de passer des heures à appliquer des filtres : « Un dîner végétarien près du Canal Saint-Martin ce soir », « une terrasse romantique dimanche », « un endroit calme pour discuter »…

L’outil comprend la demande telle qu’elle est formulée, qu’elle soit écrite ou orale, et puise dans 20 millions d’avis certifiés, des centaines de milliers de photos, des menus et des informations fournies par les restaurants. « L’IA analyse le contexte, vos mots, votre localisation, vos envies, et propose une sélection vraiment personnalisée », explique Damien Rodière. Les chiffres sont impressionnants. Mise en service cet été, il a fallu seulement quelques semaines pour que les recherches par IA passent de 3 % à 30 %. Damien projette déjà un taux atteignant rapidement 60 à 70 %. « Et surtout, ceux qui utilisent l’IA réservent davantage : la pertinence des suggestions est meilleure. »

D’un autre côté, l’IA fluidifie également l’expérience pour les restaurants. Le groupe Panorama a créé Edgar, un assistant virtuel connecté à Instagram, WhatsApp et au téléphone. « Edgar répond en quelques secondes, 24 heures sur 24. Auparavant, un client pouvait attendre deux jours avant que nous voyions son message. Désormais, il obtient immédiatement un lien de réservation ou la réponse à sa question », décrit Jean Valfort. Résultat : trois appels manqués sur quatre se transforment désormais en réservation. « Les gens n’aiment pas chercher. Ils veulent une réponse claire, tout de suite. L’IA répond exactement à cette attente. »

Et en coulisses, l’IA soulage aussi les restaurateurs

L’IA ne se limite pas à améliorer la recherche. Elle simplifie également le travail des équipes. Chez TheFork, cet outil peut automatiquement analyser les avis des clients sur un restaurant, pour en extraire les points forts et les éventuels problèmes. « Cela permet aux restaurateurs d’améliorer ce qui doit l’être, et très rapidement », explique Damien Rodière. Autre atout de l’intelligence artificielle : des modèles prédictifs pour identifier les réservations à risque (personnes susceptibles de ne pas se présenter alors qu’une réservation a été effectuée) et alors prévenir les restaurants afin qu’ils mettent en place des actions préventives.

Le groupe Panorama va encore plus loin. Edgar répond aux messages, gère les demandes simples, mais filtre aussi les cas particuliers, signalant les situations plus délicates. « Lorsqu’il y a un problème, l’IA nous alerte : ‘Attention, ce point revient souvent’, raconte Jean Valfort. Nous pouvons agir immédiatement. »

Et demain ?

Et la révolution pourrait s’accélérer. Dans les prochains jours, TheFork deviendra l’un des premiers partenaires intégrés directement dans l’écosystème d’OpenAI, aux côtés d’autres applications comme Spotify, Canva, Expedia… « TheFork fera partie des premières applications accessibles dans OpenAI, et sera le seul acteur européen dans le secteur de la restauration », confiait Damien Rodière. Cela permettra de rendre la recherche encore plus fluide : il ne sera plus nécessaire d’ouvrir une application, la recommandation pourra se faire à partir de n’importe quel échange avec une IA.

On peut donc envisager, dans un avenir très proche, une expérience au restaurant encore plus connectée, mais surtout simplifiée. L’IA ne remplacera jamais le plaisir d’un repas au restaurant, mais elle s’apprête manifestement à transformer la façon dont nous y accédons.