L’hôtellerie-restauration s’inquiète : « Sans Pâques et le 8 mai, on coupe le vrai départ de la saison »

La suppression des jours fériés de Pâques et du 8 mai, défendue par le gouvernement Bayrou, ne passe pas. L’opposition, les syndicats, mais aussi le président du Medef Patrick Martin, qui a jugé « choquant de dire “vous allez travailler plus sans être payé plus” » sur France Info, ont exprimé leur refus. Dans le camp du tourisme et de la restauration, la colère est encore plus vive. Ces dates ne sont pas des congés, mais des repères cruciaux.
« C’est près de 25 % de notre activité sur le début de l’été. C’est là que tout démarre : sans Pâques et le 8 mai, on coupe le vrai départ de la saison », affirme Catherine Quérard, présidente du Groupement des Hôtelleries & Restaurations de France (GHR). D’autant que les signaux envoyés par le gouvernement à la profession inquiètent. « On nous a confirmé à demi-mot que cela serait calqué sur les journées de solidarité. C’est une triple peine : du chiffre d’affaires en moins, des journées fragilisées, et une taxe supplémentaire de 0,3 %. Pour nous, il n’y a aucun gain », prévient l’hôtelière-restauratrice.
Un secteur perturbé
Face à l’exécutif, le GHR souhaiterait plaider pour une autre option. « Un jour férié comme le 11 novembre n’a pas du tout le même impact touristique. C’est une date qui pourrait être envisagée sans conséquences majeures », avance Catherine Quérard. Mais faute de dialogue, la proposition n’a pas pu être mise sur la table : « On nous propose une réforme pensée uniquement d’un point de vue comptable, sans jamais nous consulter », déplore-t-elle.
Notre rubrique Vie Pro
Les inquiétudes ne s’arrêtent pas là. Le secteur manque toujours cruellement de bras : selon Laurent Barthélémy, président de l’Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie (UMIH) saisonniers, il fait encore défaut entre 90 000 et 100 000 saisonniers cet été (Ouest-France). Une pénurie qui fragilise un peu plus une profession déjà sous tension. Côté clientèle, dont le pouvoir d’achat rétrécit, les signes sont tout aussi clairs : « Les vacanciers arbitrent davantage. Ils raccourcissent leurs séjours et certains préfèrent deux semaines en Espagne plutôt qu’une seule en France », observe la présidente du GHR.
Fin juillet, l’UMIH a avancé une baisse de fréquentation comprise entre 15 et 20 % pour les restaurants. Si la réalité est plus contrastée selon les régions, la suppression de jours fériés tombe dans un contexte bien fragile pour la profession.

