France

Les vaccins causent-ils l’autisme, comme l’a laissé entendre le ministre américain de la Santé ?

Un lien entre les vaccins et l’autisme ? C’est ce que prétendent de nombreux internautes. Et leur source d’inspiration n’est autre que Robert F. Kennedy Jr., l’homme nommé par Donald Trump comme futur ministre de la Santé.

Il a affirmé que, selon les constatations des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, les enfants vaccinés, notamment contre l’hépatite B, avaient 1.135 % plus de risques de contracter une forme d’autisme.

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« Il y a vingt-cinq ans, l’autisme n’existait presque pas. C’était 1 sur 100.000 et maintenant c’est presque 1 sur 100 », a pointé du doigt Donald Trump, affichant son soutien à RFK Jr. Il attend de son ministre de la Santé qu’il se penche sur la question, et qu’il s’intéresse donc aux vaccins et notamment à ceux administrés aux enfants.

FAKE OFF

Rappelons déjà que ce futur ministre de la Santé des Etats-Unis n’a aucune formation scientifique. Il était avocat. S’il se défend d’être un antivax, il a pourtant relayé de nombreuses théories par le biais de l’organisation qu’il a longtemps présidée, Children’s Health Defense (défense de la santé des enfants).

Et une nouvelle fois, il ne s’appuie sur rien de concret pour affirmer un potentiel lien entre certains vaccins et l’autisme chez les enfants.

Le nombre de cas détectés a bel et bien augmenté de manière très importante. Une étude publiée en 2020 par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, indiquait que le taux d’autisme chez les enfants est passé de 1 cas sur 10.000 en 1970 à 1 cas sur 36 en 2020. Aucun lien n’y est fait avec un quelconque vaccin.

Comme l’a notée la journaliste lors de l’interview de Robert F. Kennedy Jr., l’augmentation des cas d’autisme connus, ces dernières années, est plutôt liée à une meilleure connaissance de la maladie. « La définition de l’autisme et ses critères diagnostiques ont évolué et les mécanismes biologiques impliqués, principalement génétiques, sont de mieux en mieux connus », indique l’Institut pasteur.

Une étude faussée, un médecin radié

La théorie n’est pas nouvelle, mais était auparavant spécifiquement diffusée au sujet du vaccin ROR, donc contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Le 28 février 1998, une étude d’un certain médecin britannique, nommé Andrew Wakefield, est publiée par la revue, pourtant réputée, le Lancet. Sur une série de 12 cas, il évoque un potentiel lien entre ce vaccin et l’autisme chez les enfants. Les pincettes prises dans la publication se perdent vite lors des passages du médecin dans les médias.

Pourtant, quelques années plus tard, plusieurs scientifiques s’interrogent de ne jamais trouver les mêmes résultats qu’Andrew Wakefield. Et pour cause, l’étude qui avait tant fait parler était une fraude.

« Les dates de vaccination par rapport à l’apparition des troubles du spectre autistique ont été modifiées », souligne Françoise Salvadori pour 20 Minutes, en 2019. Sur les douze enfants de l’étude, « trois des neuf enfants avec un autisme régressif n’avaient jamais eu un diagnostic d’autisme ; seulement un enfant avait eu clairement un autisme régressif », détaillent les médecins Henri Maisonneuve et Daniel Floret. Les enfants avaient également été recrutés dans des familles opposées au vaccin.

Il a été révélé que le médecin avait été engagé par un avocat, deux ans avant la publication de l’étude, pour préparer un procès contre les fabricants du vaccin de la rougeole.

Une hausse des cas de rubéole après la publication de l’étude

Andrew Wakefield a été retiré du registre des médecins britanniques, en 2010. Mais le mal était déjà fait. La couverture vaccinale baisse de 50 % dans certaines zones, détaillent Françoise Salvadori et Laurent-Henri Vignaud dans leur livre Antivax.

Aux Etats-Unis, également, la publication de cette fausse étude n’a pas été sans conséquences. Davantage de cas de rubéoles ont été constatés en 2008 qu’en 1997. Et 90 % de ces cas n’étaient pas vaccinés, selon un article d’Hervé Maisonneuve et Daniel Floret, tous deux médecins.

Faut-il craindre, aujourd’hui, une importante baisse de la vaccination chez les enfants aux Etats-Unis en raison des positions prises par le ministre de la Santé ? Pour ne rien arranger, Donald Trump a affirmé sur X : « Pendant trop longtemps, les Américains ont été écrasés par […] les sociétés pharmaceutiques qui se sont livrées à la tromperie, à la désinformation et à la désinformation en matière de santé publique. »