France

Les runs sauvages nuisent à l’image de la communauté tuning.

Tous les vendredis soir, des centaines de personnes se rassemblent sur les parkings désertés des zones artisanales et commerciales pour admirer des bolides transformés. Environ 3.000 personnes et 800 véhicules étaient réunis sur un parking de supermarché de Bourg-en-Bresse lors d’un rassemblement illégal de tuning qui a dégénéré il y a deux semaines.


La scène se répète chaque week-end à travers la France. Tous les vendredis soirs, des passionnés de tuning investissent les parkings vacants des zones artisanales et commerciales. À la tombée de la nuit, des centaines de personnes se rassemblent aux lieux de rendez-vous fixés sur les réseaux sociaux pour admirer les voitures modifiées et examiner leur moteur. Beaucoup de ces rassemblements sont statiques, avec une interdiction de crisser les pneus, de faire des dérapages ou des accélérations. « Pas de run, pas de drift et aucun débordement toléré », rappellent régulièrement les organisateurs.

Parallèlement à ces « rassos » encadrés, même si certains ne sont pas déclarés, les courses sauvages se multiplient, attirant un public en quête de sensations fortes de plus en plus nombreux. Ces rodéos urbains perturbent la vie des riverains et sont particulièrement dangereux, avec des conducteurs qui prennent des risques pour impressionner les spectateurs. Les conséquences peuvent être dramatiques, comme en avril 2023 à Bordeaux, où un conducteur avait perdu le contrôle de son véhicule, fonçant sur la foule et faisant 13 blessés.

Un rassemblement illégal a dégénéré dans l’Ain il y a deux semaines. Environ 3.000 personnes et 800 véhicules s’étaient réunis sur un parking d’un supermarché à Bourg-en-Bresse, lorsque des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre, entraînant des dégradations sur trois véhicules de police suite à des tirs de mortiers.

Ce phénomène de « rassos » sauvages en forte augmentation inquiète les autorités mais agace également au sein de la communauté tuning. « Un rassemblement de tuning, ce n’est pas cela à la base : c’est de jour, voiture à l’arrêt et capot ouvert », explique un passionné sur les réseaux. « Et après on se demande pourquoi plus personne ne nous autorise à se rassembler pour partager notre passion », déplore un autre.

« Cela devient galère pour trouver des lieux », témoigne Damien Le Chevalier, passionné depuis son enfance et président de l’association Les Pilotes Bretons. Il organise des rassemblements automobiles dans toute la région depuis quatre ans. « On se retrouve entre passionnés et dans une bonne ambiance. Pour le public, c’est aussi l’occasion de voir de belles voitures et de se prendre en photo devant elles. » Loin de l’ambiance « fast and furious » des courses sauvages, il souligne : « Il suffit qu’un type fasse un burn et ça peut partir en vrille. » Dans ses rassemblements, les règles sont strictes et ceux qui violent les consignes reçoivent des rappels à l’ordre. « Car on n’est pas là pour faire les fous et mettre la vie des gens en danger », assure-t-il. Il reconnaît que les rodéos urbains nuisent à leur image et compliquent la recherche de lieux légaux pour les rassemblements, les mairies et propriétaires craignant les débordements.

Les arrêtés préfectoraux interdisant les rassemblements de tuning se multiplient partout en France, sans pour autant empêcher leur tenue. « La loi existe mais il y aura toujours des gens pour l’enfreindre », sourit Krys, trentenaire originaire de l’Aisne et gérant de l’application Volrox sur les réseaux. Chaque semaine, il propose un agenda des évènements auto organisés en France : « J’en ai quatre officiels et vingt-trois illégaux rien que pour cette semaine. »

Krys, qui ne fréquente plus les « rassos » sauvages qu’il juge trop dangereux, reconnaît cependant leur attrait. « De plus en plus de gens viennent car ils voient des vidéos sur les réseaux sociaux et celles où ça part en freestyle font le plus de vues. » En les listant dans sa carte des rassemblements, il admet en faire un peu la promotion, avec l’espoir, selon lui, de « pousser les organisateurs à faire des choses légales ».