Les Républicains : Pourquoi le match entre Ciotti et Retailleau est plus serré que prévu

« Tout le monde est content, mais personne n’est très heureux ». Cette phrase d’un député Les Républicains résume l’état d’esprit des deux finalistes pour la présidence du parti. Dimanche, Eric Ciotti est arrivé en tête du premier tour en récoltant 42,73 % des voix, devant Bruno Retailleau, à 34,45 %. Sept points séparent donc le patron des sénateurs LR du député des Alpes-Maritimes, grand favori du scrutin, que certains rêvaient de voir plier le match dès dimanche. Il y aura donc bien un second tour, qui s’annonce bien plus indécis que prévu, le week-end prochain. On vous dit pourquoi.
Une proximité idéologique
Pendant toute la campagne, Eric Ciotti et Bruno Retailleau n’ont cessé de mettre en avant leurs différences de projet pour l’avenir du pays et du mouvement. Une « thérapie de choc » pour le député de Nice, « un projet de rupture » pour le sénateur de Vendée. Mais en réalité, les deux hommes défendent une ligne peu ou prou similaire : très ferme sur la sécurité et l’immigration, libérale sur le plan économique.
« Malgré quelques nuances, il y a une grande proximité entre eux. Globalement, ces deux-là sont sur le même bord de notre échiquier interne », reconnaît Philippe Gosselin, député LR de la Manche et soutien du sénateur. Or cette ligne bien à droite, qui avait permis à Eric Ciotti de créer la surprise l’an passé au premier tour de la primaire, est cette fois-ci défendue par un autre que lui.
Eric Ciotti face au « plafond de verre »
Avec plus de 42 % des voix, Eric Ciotti possède une avance confortable. Mais dans l’entourage de son concurrent, on prend un malin plaisir à rappeler sa défaite lors du second tour de la primaire de la droite. « A l’époque, il était en tête au premier tour avec 28.000 voix. Et vous savez combien il fait ce dimanche ? 28.000 voix. Ce sont sûrement les mêmes électeurs », ironise un cadre de la campagne Retailleau. « Il n’a pas beaucoup de réserve de voix et va se heurter encore au plafond de verre », espère-t-il.
Si les divergences idéologiques ne sont, on l’a dit, pas énormes, le scrutin pourrait alors se jouer sur la personnalité des candidats. Le député de Nice, qui a feutré son discours ces derniers mois, sera-t-il moins « effrayant » pour l’électorat plus modéré ? « Il n’y a pas de plafond de verre, car ce n’est pas du tout le même enjeu », balaie Eric Pauget, son porte-parole. « L’année dernière, on désignait un candidat à la présidentielle. Là, c’est le président de LR, et Ciotti est celui qui imprime le plus dans la société ».
L’incertitude de l’électorat Pradié
Le match s’annonce d’autant plus incertain que le report des voix d’Aurélien Pradié (22,29 %) est difficile à prédire. Le député du Lot, candidat autoproclamé du « renouvellement », a indiqué qu’il ne donnerait aucune consigne de vote. Mais chez les deux finalistes, on tente déjà de récupérer son électorat. « « Retailleau a fait campagne sur la rupture, notamment vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, et sur la nécessité de refonder le parti. On n’est pas très éloigné du renouvellement que souhaite Pradié », assure l’équipe du sénateur. Xavier Bertrand, soutien de Pradié au premier tour, a fait savoir qu’il voterait d’ailleurs pour le sénateur de Vendée.
« 22 % de nos adhérents ont souhaité mettre en avant la jeunesse, le renouveau. Je crois que Ciotti peut incarner cette droite moderne davantage que le conservatisme traditionnel de Retailleau », réplique Eric Pauget.
L’enquête préliminaire du PNF
Reste une inconnue dans l’équation. Le Parquet national financier (PNF) a ouvert le 22 novembre dernier une enquête préliminaire après la publication d’articles selon lesquels l’ex-épouse d’Eric Ciotti aurait cumulé plusieurs emplois à l’Assemblée, à la ville de Nice et au département des Alpes-Maritimes. Les révélations, démenties par l’intéressé, pourraient réveiller le spectre des affaires Fillon, qui hante toujours la droite. Avec quel impact sur le scrutin ? « J’ai eu des retours divers dans ma circo. Ca a pu l’affaiblir un peu, mais ça peut aussi resserrer les rangs, c’est difficile à dire », balaye un député pro-Retailleau. Le nom du futur patron de la droite sera connu dimanche prochain.