Les Républicains : Derrière l’élection du nouveau patron, l’ombre de Laurent Wauquiez

Il n’est pas candidat, mais son nom est au cœur de la campagne interne à droite. En diète médiatique depuis plusieurs années, Laurent Wauquiez amorce, par petites touches, son retour sur la scène nationale. « Je vais vous dire les choses très clairement et comme je les pense : en 2027, soit ce sera moi, soit ce sera Marine Le Pen », assurait-il sans se cacher, ce lundi, dans l’Obs.

Dans ce combat, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes est bien aidé par Eric Ciotti, candidat à la présidence Les Républicains, dont le premier tour a lieu samedi et dimanche. Il a promis d’en faire dès 2024 le champion de la droite pour la prochaine présidentielle. Un argument de campagne loin de faire consensus au sein de la droite.

« Il n’y aura plus qu’à appuyer sur un bouton »

« Merci Laurent d’incarner cette force, ce courage et cet espoir pour la France ». C’est une habitude ces derniers mois, Eric Ciotti a multiplié les mots doux envers l’ex-patron de la droite. Vendredi soir dernier à Montélier, près de Valence (Drôme), l’énarque était pour la première fois dans le public, quelques jours après avoir soutenu publiquement son « ami » des Alpes-Maritimes. Une manière d’illustrer le ticket promis aux adhérents en cas de victoire au congrès, ce dimanche.

« Eric ne va pas au scrutin en se cachant, il a affiché sa stratégie dès le départ. L’ADN de la droite, c’est la culture du chef, l’incarnation. Il faut revenir à ça et d’après lui, le meilleur pour redevenir attractif en 2027, c’est Laurent Wauquiez », assure le député LR Eric Pauget, porte-parole du candidat dans cette campagne interne. L’élu de Nice a donc prévenu qu’il débarrasserait la droite de « toutes sortes de primaire » en faisant valider le nom de Laurent Wauquiez au plus vite par les instances du parti. « Comme ça, il n’y a plus de sujet. On aura un président et un candidat naturel. Et le jour où Wauquiez partira à la bataille, il n’y aura plus qu’à appuyer sur un bouton », abonde Arnaud Julien, secrétaire départemental de l’Hérault et membre du bureau politique.

« Pourquoi ne se présente-t-il pas à la présidence LR ? »

De quoi mettre alors le patron de l’Auvergne-Rhône-Alpes dans les meilleures dispositions. Mais si la « carte Wauquiez » a fait mouche auprès des militants, elle a été froidement accueillie chez certains cadors de la droite, pas décidés à abandonner dès maintenant, et sans combattre, leurs ambitions. En premier lieu, Xavier Bertrand, le rival historique, qui n’a toujours pas enterré ses rêves élyséens.

Le président des Hauts-de-France a récemment soutenu Aurélien Pradié dans la course à la présidence LR. Cela tombe bien, car le député du Lot, qui ne veut « ni primaire, ni bidule » non plus, s’est montré bien peu enthousiaste sur le choix d’Eric Ciotti. « C’est une erreur de désigner immédiatement la personne qui pourrait être notre candidat. Il deviendrait la cible de nos adversaires », balaie le député de l’Aisne Julien Dive, soutien de Pradié et proche de Bertrand. « Si Wauquiez souhaitait revenir dans le jeu, pourquoi ne s’est-il pas présenté à la présidence LR ? »

« C’est une erreur de lui mettre une cible sur le dos »

Le même argument est utilisé dans l’entourage de Bruno Retailleau, l’autre candidat à la présidence. « Désigner notre candidat quatre ans avant la présidentielle, c’est une bêtise. C’est mettre une cible sur son dos. Et si les européennes de 2024 se passent mal, ça le disqualifie », évacue un des proches du sénateur de Vendée, partisan d’une primaire interne. Une claque électorale comme celle des européennes de 2019 ou une polémique à l’instar des dîners fastueux organisé pour la région récemment épinglés dans la presse, pourraient vite écorner l’image du chouchou des militants d’ici la présidentielle.

 « Cela ne réglera donc rien pour 2027, car Xavier Bertrand et Davis Lisnard [maire de Cannes] ont leur propre boutique. Le congrès ne doit pas être une primaire avant l’heure », ajoute-t-on dans le camp Retailleau. Mais chez Ciotti, on veut croire qu’une victoire écrasante, peut-être même dès le premier tour ce dimanche, finira d’assommer les autres ambitions. Mais en politique, et surtout à droite, les scénarios écrits à l’avance se déroulent rarement comme prévu.