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Les photos des ravages que provoque la drogue du zombie aux Etats-Unis

En avril, elle était désignée comme « menace émergente » aux Etats-Unis. La xylazine, surnommée « tranq », fait des ravages outre-Atlantique où elle est surnommée « drogue du zombie ». Pourquoi ? Tout simplement parce que ceux et celles qui la consomment errent comme des pantins désarticulés dans les rues des grandes villes du pays… et aussi, voire surtout, parce que la chair de ses consommateurs peut se nécroser. Des effets « inédits », selon les autorités sanitaires américaines, que l’on peut apercevoir ci-dessus dans les photos prises par l’AFP en septembre dernier à Philadelphie (Etats-Unis), mais aussi dans de nombreuses vidéos  qui circulent depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux, TikTok en tête.

Présente dans 25 % des drogues vendues

Entre 2020 et 2021, la détection de xylazine par l’agence antidrogue américaine (DEA) a augmenté de quasiment 200 % dans le sud des Etats-Unis, et plus de 100 % dans l’Ouest.  « Au niveau national, elle est présente dans 25 % des drogues vendues. Une attention particulière est portée sur la ville de Philadelphie où le phénomène concerne 90 % des drogues saisies. Elle inquiète les autorités sanitaires à cause de cette prolifération particulièrement rapide, son coût relativement peu élevé et sa facilité d’achat », a récemment expliqué au Journal des femmes le Dr Judith Trinquart, médecin addictologue. Ainsi, en 2022, 26 % des morts par overdoses constatées à Philadelphie étaient liées à la xylazine qui l’on peut trouver parfois pour 6 dollars le kilogramme.

« C’est la première fois dans l’histoire de notre nation qu’une substance est désignée comme menace émergente », avait déclaré à l’époque lors d’une conférence de presse Dr Rahul Gupta, directeur du bureau chargé de la lutte contre les drogues à la Maison Blanche. Ce niveau de « menace émergente » a permis de notamment pouvoir débloquer des fonds pour lutter contre cette drogue et d’utiliser des fonds demandés par le président Joe Biden au Congrès américain dans son budget 2024,

La xylazine, autorisée comme sédatif et analgésique vétérinaire depuis 1972 par l’Agence américaine des médicaments (FDA), n’est pas approuvée en dehors d’un usage sur les animaux. Mais la « tranq » a été détournée en drogue injectable depuis les années 2000. Elle se présente aujourd’hui sous la forme d’une solution injectable claire et incolore. Au programme : ralentissement de la respiration et du rythme cardiaque à des niveaux dangereux, infections qui peuvent mener jusqu’à des amputations de membres ou effet de sédation. Ses propriétés analgésiques soulagent la douleur, relaxent les muscles et sont à l’origine d’une euphorie, d’hallucinations, des états de stupeurs et des pertes de connaissances. « La xylazine est un agoniste des récepteurs adrénergiques dont la toxicité peut provoquer des effets cliniques tels qu’une dépression respiratoire et le coma, une bradycardie, une hypotension et une hyperglycémie. Des arythmies ventriculaires ont été signalées », indique encore l’Anses dans une fiche technique.

Le gouvernement est tenu, dans moins de trois mois, de présenter au Congrès un plan d’action, qui s’attaquera à plusieurs domaines. Parmi eux : davantage de tests pour détecter la drogue et d’analyses pour mieux comprendre d’où elle vient – notamment si elle est détournée aux Etats-Unis ou depuis la Chine –, afin de mieux lutter contre sa présence croissante sur le marché illégal.

La recherche médicale constitue une autre priorité, car la naloxone, antidote qui permet de réanimer une personne en train de faire une overdose liée à un opioïde (par exemple du fentanyl), n’est pas efficace contre la xylazine. Selon la FDA, qui autorise notamment la commercialisation de produits pharmaceutiques aux Etats-Unis, entre 2010 et 2015, la xylazine était détectée dans 2 % des décès par overdose aux opioïdes et en 2019, ce taux est monté jusqu’à 31 %.