France

Les pêcheurs de coquilles Saint-Jacques reprennent la mer, mais pas d’excès.

La pêche à la coquille Saint-Jacques ouvre le 1er octobre pour les gisements les plus éloignés des côtes françaises et elle est interdite pendant plusieurs mois pour préserver la ressource. Selon l’Ifremer, la biomasse totale exploitable devrait atteindre 120.000 tonnes cette année, ce qui est moins que l’an dernier mais reste considéré comme excellent.


C’est un exemple concret de préservation des ressources. Menacée par la pêche, la coquille Saint-Jacques a réussi à se rétablir au large des côtes normandes et bretonnes. Grâce aux efforts de la profession, les stocks sont aujourd’hui très élevés, ce qui permet à l’Ifremer de parler d’« une situation très confortable ». Alors que la pêche rouvre ce mercredi, les scientifiques qui surveillent les gisements continuent de rapporter une évolution très favorable.

Après une année 2024 record, 2025 s’annonce comme la deuxième meilleure année. Eric Foucher, chercheur en biologie halieutique à l’Ifremer, met cependant en garde contre un « léger recul » de la ressource et demande à ne pas pêcher plus qu’actuellement. Cet avis, qui a été contesté par le passé, est désormais respecté par les pêcheurs. En effet, le produit est devenu le plus pêché en tonnage et en valeur, surpassant le thon et la sardine.

Avant le changement de millénaire, les stocks de coquilles Saint-Jacques dépassaient rarement les 10 000 tonnes lors des « bonnes années » dans la baie de Seine. Cette année, la biomasse totale exploitable (coquilles de plus de 11 centimètres) devrait atteindre 120 000 tonnes. Bien que ce chiffre soit inférieur à celui de l’année dernière (137 000 tonnes), il reste excellent.

Dans la baie de Saint-Brieuc également, les stocks sont très bons. Dominique Lamort affirme : « C’est une évolution phénoménale, des niveaux jamais vus. Grâce à la mise en place de comités de suivi et à l’écoute des recommandations scientifiques par la profession, nous avons instauré des quotas, limité le nombre de bateaux, régulé les jours de pêche, interdit la pêche nocturne et imposé une fermeture estivale. Cela n’a pas toujours été facile, mais aujourd’hui, cela porte ses fruits. »

Le chargé de mission qualité et durabilité du groupement Normandie fraîcheur mer se souvient de discussions difficiles lors de l’instauration de zones de jachère. Recommandée par l’Ifremer, cette mesure écologique a été adoptée en 2016 pour préserver la délicate baie de Seine, devenant aujourd’hui un modèle. De plus, les engins de pêche sont de plus en plus sélectifs, limitant la capture involontaire de coquillages trop jeunes. Il convient de noter que la bonne santé de la ressource est également due à l’essaimage de bébés coquilles d’élevage. Dominique Lamort ajoute que certains scientifiques expliquent que le réchauffement des eaux pourrait accélérer la reproduction.

Dans son dernier bulletin, l’Ifremer appelle à la vigilance face au recul constaté en 2025. Eric Foucher rappelle que « ce n’est pas parce que le stock se porte bien qu’il faut scier la branche sur laquelle on est assis » et exhorte à ne pas augmenter les prélèvements pour « conserver la stabilité des populations » à long terme. Dominique Lamort souligne également la nécessité de rester vigilant, notamment face aux effets du réchauffement climatique et aux poulpes qui pourraient avoir un impact significatif.

Outre l’aspect environnemental, l’enjeu économique est également crucial. L’année dernière, les quantités pêchées ont parfois peiné à se vendre, ce qui a réduit les prix d’achat pour les professionnels. « La valorisation a parfois été compliquée, surtout après les fêtes. La Saint-Jacques a pourtant bien des arguments. Ce n’est plus un produit luxueux. C’est l’un des rares produits dont le prix a baissé », affirme le responsable de Normandie fraîcheur mer. En Bretagne comme en Normandie, la pêche restera ouverte jusqu’en mai.