France

Les navettes fluviales pourraient être remises à flot pour les JO de Paris

Treize ans après l’expérience malheureuse de Voguéo, une coopérative espère relancer un service de navettes fluviales sur la Seine pour les Jeux olympiques, l’an prochain. Cette initiative privée s’adresserait tant aux touristes qu’aux banlieusards voulant récupérer un RER.

« C’est assez aberrant de ne pas avoir de transport public fluvial en Ile-de-France », se désole Dany Carvalho. Cet officier de marine, que le confinement lié à la pandémie de Covid-19 a ramené sur terre, s’est mis en tête de ressusciter les coches d’eau, nombreux dans la région il y a encore un siècle. Il envisage tout un réseau desservant vingt escales sur la Seine et la Marne, joliment baptisé « MonBeauBateau » (ou « Mon BB » pour les intimes).

« En utilisant des bateaux écologiques, nous visons à compléter les services de transport public existants », explique à l’AFP le jeune PDG de RiverCat, société coopérative créée pour l’occasion.

Première étape : une ligne traversant tout Paris, qui serait lancée au printemps 2024 entre Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et Alfortville (Val-de-Marne). Le trajet prendrait une heure quinze de bout en bout, à 12 km/h dans la capitale et 20 km/h en banlieue, avec des arrêts à Beaugrenelle, aux Invalides, au Louvre et à la Bibliothèque François-Mitterrand, toutes les demi-heures de 6 heures à 22 heures.

Six catamarans de 100 places chacun dans un premier temps

L’inspiration vient de Londres et Rotterdam, et ce sont six catamarans conventionnels de 100 places, utilisant des biocarburants à base d’huiles végétales, qui doivent être loués aux Pays-Bas, avant la construction de navires électriques, espère Dany Carvalho. Il a pris langue avec le port de Paris « pour avoir une convention d’occupation temporaire des escales ». Haropa Port, qui gère ledit port, confirme avoir reçu une demande fin avril.

RiverCat table sur des billets coûtant entre 3 et 8 euros selon le parcours, avec des carnets, des abonnements et des réductions pour les détenteurs du Pass Navigo. Cette « ligne parisienne » ne fait pas partie des plans de transport des Jeux olympiques, mais RiverCat compte évidemment sur l’événement pour l’imposer.

Eviter les embouteillages

Une autre liaison bien plus courte, sur la Seine également, doit être testée en Essonne, pendant les JO, du 25 juillet au 9 septembre 2024. Elle doit relier tous les quarts d’heure Soisy-sur-Seine à Ris-Orangis et Juvisy-sur-Orge, pour y rejoindre une gare stratégique où passent deux lignes de RER.

« Il sera possible de traverser la Seine (…) sans émettre de CO2 et surtout sans avoir à supporter des contraintes d’embouteillages » particulièrement denses dans ce secteur, a salué la maire de Juvisy, Lamia Bensarsa Reda, citée dans le journal municipal.

Quatre petits bateaux, futuristes, seront loués à l’entreprise norvégienne Hyke, laquelle prendra en charge « tout le package » selon son directeur général Bjorn Utgard : « Les bateaux tout électriques, les quais avec les bornes de recharge intégrées et les solutions d’autonomie qui permettront aux bateaux de naviguer par eux-mêmes. »

« Si le succès est au rendez-vous »

Un premier bateau du même modèle doit être lancé en juin, en Norvège, précise le responsable auprès de l’AFP, ajoutant que plusieurs villes sont intéressées, y compris en France. « On a trop longtemps négligé l’eau en tant qu’infrastructure de transport urbain et poumon bleu dans une ville », souligne-t-il.

Ces navettes de 50 places seront d’abord pilotées par un humain, avant de fonctionner en autonomie totale. Le projet est d’ailleurs soutenu par Voies navigables de France (VNF) qui cherchait des démonstrateurs de bateaux autonomes décarbonés pour les JO.

Cette liaison dans l’Essonne est appelée à être pérennisée « si le succès est au rendez-vous ». Une « ligne promenade » est aussi prévue le week-end, jusqu’au centre de Paris.

Une ligne sur le canal de l’Ourcq à l’étude

« On ne réclame pas de subventions. On a un modèle économique qui repose sur la ligne parisienne et qui nous permet d’être rentables au cours de la quatrième année de service » grâce aux 70 % de touristes attendus, affirme Dany Carvalho. Celui-ci précise être « en train de faire une levée de fonds de 3 millions d’euros », une somme selon lui nécessaire « pour démarrer le service ».

Ile-de-France Mobilités, qui a multiplié les études ces dernières années, reste toutefois dubitative. La dernière expérience, la navette fluviale Voguéo au sud-est de Paris, a été abandonnée après trois ans en 2011, car peu fréquentée et très coûteuse.

L’autorité régionale des transports étudie de son côté une ligne sur le canal de l’Ourcq, entre Jaurès (au nord-est de Paris) et Bondy (Seine-Saint-Denis).